La bataille pour Mossoul, une étape décisive vers la stabilité de l’Irak ?

Mis en ligne le 23 Oct 2017

Cette publication de veille documentaire éclaire un fait marquant de l’actualité récente, la reprise de Mossoul par les forces irakiennes. Réalisée à partir d’une sélection de sources ouvertes, d’analyses et d’arguments d’experts internationaux, cette publication de veille expose les faits saillants de la bataille pour Mossoul, entre octobre 2016 et juillet 2017, ainsi que le contexte général dans lequel la reconquête de la ville s’est déroulée. La publication de veille apprécie également les conséquences de cet évènement en termes d’enjeux et de défis posés. Un accès facilité à de nombreuses sources est par ailleurs proposé.

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Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont: Erwan Porte, « La bataille pour Mossoul, une étape décisive vers la stabilité de l’Irak ? », CDEM, 28 septembre 2017.

Ce texte, ainsi que d’autres publications, peuvent être visionnés sur le site de la DEMS.

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La bataille pour Mossoul, une étape décisive vers la stabilité de l’Irak ?

 

Le 9 juillet 2017, neuf mois après le début de l’offensive, le premier ministre irakien Haïdar Al-Abadi se rend à Mossoul et annonce officiellement la reprise de la ville par les forces gouvernementales[1]. Mossoul est la deuxième plus grande ville d’Irak et une base emblématique pour l’Etat islamique (EI) depuis sa retentissante victoire de juin 2014 et la proclamation du Califat dans la mosquée Al-Nouri. Si cet incontestable succès militaire annonce la reconstitution de l’outil militaire irakien après son effondrement de 2014, l’avenir politique de l’Irak reste plus que jamais en suspens.

 

Faits

Les forces en présence. Le 17 octobre 2016, le premier ministre irakien annonce officiellement le début de l’offensive sur Mossoul[2]. Face aux quelque 5 000 combattants de Daech, la coalition totalise plus de 70 000 soldats[3]. Les 45 000 hommes des forces de sécurité irakiennes accompagnés par les milices des tribus sunnites remontent le Tigre par le Sud. Le fer de lance est constitué des unités d’élite du contreterrorisme, l’ « Iraqi Special Operation Force » (ISOF) ou « Division d’or ». Les milices chiites des Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire) sont conservées en deuxième échelon. A l’Est, les kurdes engagent 2 brigades de Peshmergas soutenues par des unités régulières de l’armée irakienne. Au Nord, malgré la forte opposition du gouvernement de Bagdad[4], la Turquie a installé une base près de la ville de Bashiqa où elle forme une milice arabe sunnite, la garde de Ninive (al-Hachd alWatani). Les troupes autochtones sont soutenues par les moyens aériens et en artillerie des armées de la coalition, ainsi que par la présence de conseillers militaires occidentaux.

Les opérations de bouclage et les combats pour les zones rurales (octobre à novembre 2016). L’arrière-pays à l’ouest de la ville demeure dans un premier temps sous le contrôle de l’EI, laissant une possibilité aux djihadistes d’abandonner la défense de Mossoul. En novembre, les milices chiites passent à l’attaque et achèvent l’encerclement de la ville, interdisant toute possibilité de repli. Afin de gêner la mise en place du dispositif de la coalition, l’EI mène une campagne d’attentats dans les grandes villes d’Irak et diverses contre-offensives dont une importante sur Kirkouk[5]. Les environs ruraux de Mossoul, peu peuplés et en terrain ouvert, se prêtent mal à la création de bastions défensifs. L’EI opte pour une défense mobile s’appuyant sur des points de fixation formés de bunkers, de tunnels, d’obstacles piégés avec des EEI (engins explosifs improvisés), pour créer des zones d’embuscade favorables à l’utilisation des armes antichars, où bien encore freiner l’avance des colonnes irakiennes en envoyant des vagues de véhicules suicides[6]. L’ensemble de ce dispositif est dissimulé des moyens aériens de la coalition par des incendies de pneus, de puits de pétrole ou des dépôts de soufre[7]. De plus, les défenseurs utilisent massivement des leurres, répliques en bois de blindés ou de véhicules, pour tenir en échec les bombardements[8]. Enfin, profitant du manque de surveillance fluviale, Daech a constitué une flotte de vedettes rapides permettant d’assurer ses besoins logistiques et de mener des raids sur les arrières des forces de la coalition[9].

La reprise des quartiers résidentiels (novembre 2016 à mai 2017). Le 4 novembre, les forces spéciales de la « Division d’or » appuyées par les blindés de la 9e division de l’armée irakienne attaquent les faubourgs est de la ville[10]. Derrière elles les unités de la police fédérale sont chargées de sécuriser les zones reconquises. La progression est difficile et les pertes sont lourdes, près de 2 000 soldats sont tués lors du seul mois de novembre[11]. La superficie de Mossoul étant trop étendue pour assurer un périmètre défensif continu, Daech privilégie, à l’instar des zones rurales, une défense mobile. Au harcèlement constant des tireurs embusqués et des candidats au martyre, s’ajoutent les contre-attaques de groupes réduits de combattants. Grâce à l’aménagement de couloirs de circulation traversant les immeubles des zones résidentielles et au creusement de tunnels, ces commandos s’infiltrent et attaquent les forces gouvernementales, de préférence de nuit ou en profitant des mauvaises conditions météo (pluies abondantes ou tempêtes de sable). Ainsi, les djihadistes parviennent à disloquer les colonnes irakiennes en isolant l’infanterie des soutiens blindés, rendant la tactique des raids mécanisés très dangereuse[12]. Lors de ces actions défensives, les véhicules blindés piégés ont joué un rôle considérable. Fabriqués de façon quasi-industrielle et disséminés dans toute la ville, ils sont jetés sur les forces irakiennes qui ont dû affronter jusqu’à 14 attaques quotidiennes[13]. Souvent utilisés en binôme, le premier étant chargé de détruire le périmètre défensif pour permettre au second d’atteindre son objectif, ils sont très difficiles à détruire dans un contexte urbain où les distances d’engagement sont plus courtes. La destruction par l’aviation des ateliers de fabrication et des ponts sur le Tigre permet de progressivement tarir le flot de véhicules piégés[14].

Prise de la vieille ville (juin 2017-juillet 2017). Cette partie de la ville aux rues étroites limite l’utilisation des blindes, mais aussi des véhicules piégés. Les frappes aériennes sont aussi plus risquées, car l’EI retient dans cette zone densément peuplée plus de 100 000 civils comme bouclier humain[15]. Dans cette dernière phase de la bataille, les djihadistes font un emploi important de drones armés[16]. Des drones ont été utilisés dès le début des opérations, principalement pour effectuer des reconnaissances et guider les véhicules piégés vers leurs cibles. L’utilisation de drones piégés ou dotés de munitions n’est pas une nouveauté. L’EI en avait d’ailleurs déjà utilisé contre les forces françaises dans le nord de l’Irak[17]. Si les attaques par drones sont nettement moins létales que celles par véhicules suicides, elles démontrent les capacités d’innovation tactique de l’EI et font peser une menace psychologique supplémentaire sur les forces irakiennes. Pour contrer cette nouvelle arme, les forces américaines ont rapidement déployé des systèmes anti-drones et des brouilleurs de transmissions[18]. Malgré l’utilisation désespérée de femmes kamikazes infiltrées dans le flot des réfugiés, la résistance est peu à peu éradiquée. Après neuf mois d’intenses combats urbains, Mossoul est libérée de la présence de Daech, mais un tiers de la ville est détruite, au moins 6 000 civils sont morts et 600 000 autres ont dû fuir les combats, s’ajoutant ainsi aux près de 3 millions de déplacés intérieurs irakiens[19].

 

Contexte

La montée de l’Etat islamique en Irak. Après le retrait des forces américaines en 2011, les violences confessionnelles se poursuivent et créent un climat lancinant de crise politique. Les tensions s’exacerbent en janvier 2014, lorsque le gouvernement de Bagdad décide de mater l’insurrection de tribus sunnites dans la province d’Al-Anbar et déclenche ainsi la deuxième guerre civile irakienne[20]. L’armée parvient à reprendre la ville de Ramadi défendue par l’Etat Islamique en Irak et au Levant (ancienne dénomination de l’EI), mais préfère temporiser à Falloujah pour en faire le siège. Depuis cette base, l’EI étend son contrôle territorial vers le nord et la frontière syrienne afin de créer une continuité avec ses fiefs en Syrie. En juin, c’est la province de Ninive et sa capitale, Mossoul, qui tombe aux mains des djihadistes. Trois divisions se sont littéralement évaporées lors de l’avance sur Mossoul[21], laissant le nord du pays presque sans défense. Kirkouk est abandonnée par l’armée, pour être rapidement occupée par les Peshmergas, tandis que la sécurité de la province d’Al-Anbar est laissée aux tribus sunnites demeurées fidèles au gouvernement mais privées de soutient effectif. La ville de Ramadi reste sous la menace d’une attaque djihadiste. Seul l’appel à la mobilisation générale des milices chiites au sein des Hachd al-Chaabi permet de maintenir Bagdad à l’abri. Stoppés dans leur progression, les djihadistes se retournent en août 2014 contre les forces du Kurdistan irakien. Ils parviennent à briser les lignes des Peshmergas près de la ville de Sinjar et à s’emparer du barrage de Mossoul qui alimente en eau et en électricité le nord de l’Irak. Le 26 juin, les forces armées irakiennes tentent de reprendre l’initiative et lancent l’ISOF dans un assaut aéroporté contre Tikrit[22]. Malgré le renfort d’éléments de la 9e division blindée et des milices chiites, c’est un échec. L’armée, désorganisée et démoralisée, souffre du manque de coordination entre ses unités, notamment entre troupes régulières et milices, et ne parvient pas à reprendre les territoires perdus. Afin d’éviter une débâcle irakienne, les Etats-Unis sont contraints d’intervenir dès le mois de juillet, trois ans seulement après leur retrait officiel. Le 15 septembre 2014, lors de la conférence internationale de Paris, une trentaine de pays s’engagent à fournir une aide militaire à l’Irak pour lutter contre l’Etat islamique[23]. Cette coalition est dirigée par les Etats-Unis qui en assurent l’essentiel des moyens (opération Inherent Resolve) avec le Royaume-Uni (opération Shader) et la France (opération Chammal).

La reconstitution de l’armée irakienne. De l’aveu même du Premier ministre irakien, les pertes matérielles lors de l’offensive de juin 2014 ont été importantes. L’EI est parvenu à s’emparer de près de 3 000 4×4 Hummer, 50 chars lourds et 150 blindés légers, fournissant ainsi un vaste parc de véhicules piégés[24]. De plus, les groupes de combat djihadistes ont pu renforcer leur puissance de feu en mettant la main sur un stock considérable d’armes individuelles, antichars et antiaériennes. Ainsi, au moins 28 chars M1A1 Abrams ont été endommagés lors des combats, 5 ont même été complètement détruits par des missiles antichars. 6 hélicoptères ont été abattus et près de 60 autres endommagés[25], amputant fortement les capacités d’aérocombat. Les forces aériennes irakiennes se sont montrées incapables d’appuyer efficacement les troupes au sol. Au moment de l’offensive djihadiste, l’Iraqi Air Force ne peut compter que sur une douzaine de Cessna AC 208B

Combat Caravan armés de missiles AGM-114 Hellfire pour les frappes au sol et de moitié moins de King Air 350ER pour la reconnaissance et la détection[26]. L’intervention des Etats-Unis, tout d’abord par une campagne de bombardements, puis par le déploiement dès septembre 2014 de 1 600 conseillers militaires permet de stabiliser la situation et d’entamer la remontée en puissance des forces irakiennes. Au total, les Américains entraînent et rééquipent 12 brigades (9 irakiennes et 3 kurdes) et réorganisent une force de réaction rapide autour de la 9e division blindée, opérant notamment les chars Abrams, de la 1ère division, spécialisée dans le combat urbain en complément de l’ISOF, et de la 4e division, largement composée de Kurdes[27]. Les forces aériennes bénéficient de la livraison par la Russie de 15 Sukhoi SU-25 Frogfoot d’attaque au sol, d’un nombre équivalent d’appareils de combat légers L-159 d’origine tchèque, d’une dizaine de F-16 Falcon qui ne seront engagés qu’en septembre 2015[28]. L’Iran joue aussi un rôle significatif auprès des Unités de mobilisation populaire, largement équipées et encadrées par la force Al-Qods du général Qasem Soleimani[29].

La lente reconquête de l’Irak. Les opérations évoluent graduellement d’une posture de défense stratégique vers des offensives locales. Seule force en mesure de s’opposer dans un premier temps à l’avancée de l’EI, les Peshmergas du gouvernement régional du Kurdistan d’Irak soutenus par la coalition contre-attaquent sur le front nord dès le mois d’août et reprennent le barrage de Mossoul, mais s’enlisent dans la reconquête de la ville de Sinjar[30]. Le même mois, l’armée irakienne soutenue par les milices chiites et les Peshmergas parvient à rompre le siège de la ville d’Amerli, ouvrant ainsi la voie vers Tikrit. Au début de l’année 2015, la province sunnite de Diyala est sécurisée et en mars l’offensive pour reprendre Tikrit est lancée. Au bout d’un mois de combat, la ville tombe, mais les destructions sont importantes et les forces régulières n’ont pas pu empêcher les exactions des milices chiites sur la population civile[31]. Profitant des efforts des forces de sécurité gouvernementales dans l’Est du pays, l’EI parvient à s’emparer de la ville de Ramadi en mai et à renforcer son contrôle sur la province d’Al-Anbar à la la frontière syrienne et jordanienne. Près de 10 000 soldats de l’armée irakienne sont engagés dans la reconquête de Ramadi de décembre 2015 à février 2016. Bien défendue par l’EI, la prise de la ville permet de tester les capacités opérationnelles de la nouvelle armée irakienne. Fort de ce succès, le commandement irakien peut envisager un assaut sur le bastion djihadiste de Falloujah. En un mois (22 mai- 26 juin 2016), la ville est reprise et les destructions s’avèrent moins importantes qu’à Ramadi, preuve d’une meilleur maîtrise de la puissance de feu. A l’été 2016, deux années après la spectaculaire offensive de l’EI, l’armée irakienne appuyée par la coalition a réussi à reprendre presque tout le terrain perdu, à l’exception de Mossoul. Lancée quelques mois après la chute de Falloujah, la bataille de Mossoul est l’aboutissement d’une lente remontée en puissance de l’armée irakienne. Toutefois, au cours de cette patiente reconquête, elle n’est pas parvenue à se passer ni des Peshmergas, ni des Hachd al-Chaabi, ce qui n’est pas sans conséquences politiques.

 

Enjeux

L’enjeu de la normalisation du statut des Arabes sunnites est un prérequis indispensable au retour de la stabilité en Irak. Mossoul, 2e ville du pays, est peuplée à près de 80 % de sunnites, ce qui en fait un symbole pour la future intégration politique de cette communauté. Or, les conditions ayant permis l’ascension de l’EI n’ont fondamentalement pas changé. La population de Mossoul demeure méfiante envers l’autorité du pouvoir central, souvent jugé trop favorable aux chiites et à l’Iran. D’ailleurs, l’armée n’a pas su empêcher les exactions des milices chiites lors de la libération de la ville, tandis qu’une bureaucratie corrompue s’est substituée à la férocité de celle de Daech. De plus, l’Etat irakien manque de moyens pour entamer les travaux de reconstruction et pour venir en aide au million de personnes qui a dû fuir la région. Tout cela contribue à décrédibiliser les instances gouvernementales. Ainsi, Daech pourrait profiter des frustrations des populations sunnites, paupérisées et marginalisées, pour se constituer un nouveau sanctuaire, en particulier dans l’Anbar[32], et réadapter sa stratégie. L’organisation terroriste a d’ailleurs entamé sa mutation stratégique en adoptant un fonctionnement moins centralisé[33] et en abandonnant la recherche du contrôle territorial au profit d’une guérilla urbaine focalisée sur les campagnes d’attentats[34].

Vers une autonomie accrue du Kurdistan. Les Peshmergas se sont imposés comme seule force capable de résister à l’offensive islamiste de 2014, puis un allié indispensable aux forces gouvernementales lors de la reconquête des territoires perdus. Fort de ce succès militaire, le gouvernement régional du Kurdistan (GRK) se trouve dans une position de force pour négocier avec Bagdad le futur de la province irakienne. C’est le sens du référendum pour l’indépendance annoncé par le président de la région autonome, Masoud Barzani, qui s’est tenu le 25 septembre 2017, malgré la réprobation de la Turquie et des EtatsUnis[35]. Le problème est qu’il n’existe pas de frontière légalement admise du GRK par l’administration irakienne.

Avec la défaite de l’EI, les zones de contrôle ont été modifiées à l’avantage des Kurdes, qui occupent l’importante ville pétrolière de Kirkouk et le district stratégique du Sinjar à la frontière avec la Syrie. Il est très probable que le référendum englobe ces régions contestées. Pour autant, le Kurdistan irakien n’est pas aussi solide qu’il y paraît. Miné par la corruption et les difficultés économiques, le GRK fait face à une profonde crise politique. Depuis août 2015, Barzani, chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), dirige la province sans pour autant avoir de mandat et entretient de bonnes relations avec la Turquie. Il est contesté par le parti d’opposition, l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), dirigé par Jalal Talabani réputé proche des Iraniens, mais aussi le mouvement contestataire Gorran. Or PDK et UPK disposent de leurs propres unités au sein des Peshmergas et se sont déjà maintes fois affrontés par le passé. Le GRK est donc loin d’être l’îlot de stabilité démocratique présenté à l’opinion internationale en vue du référendum. Un gouvernement fédéral sous la menace des milices chiites. Incapable de résoudre les crises successives qui touchent l’Irak depuis 2003, le gouvernement fédéral est profondément et durablement discrédité. L’élection d’Haïder al-Abadi en septembre 2014, suite à la démission de Nouri Al-Maliki, n’a pas permis d’enrayer le processus de libanisation de l’Irak. L’instabilité récurrente a permis l’éclosion de nombreux groupes armés liés à des partis politiques. Le phénomène s’est intensifié lors du chaos créé par l’offensive de l’Etat islamique en 2014. Initialement, le gouvernement d’al-Abadi souhaitait dépolitiser les milices en les intégrant dans une Garde nationale. L’important rôle militaire joué par les Unités de mobilisation populaire l’a conduit à faire volte-face et à les reconnaître en décembre 2016 comme une composante à part entière des Forces armées irakiennes, délégitimant encore plus le gouvernement fédéral auprès des minorités irakiennes. Cette intégration des milices chiites a permis de renforcer l’influence politique et militaire de l’Iran en Irak[36], notamment dans la région de Mossoul où la présence chiite était jusqu’alors marginale. Grâce aux Hachd al-Chaabi l’Iran mène un véritable processus d’ « hezbollahisation » de l’appareil de sécurité irakien[37]. Pour autant, les milices chiites ne sont pas totalement inféodées à Téhéran. Auxiliaires armées de personnalités politiques, elles répondent tout autant à un agenda politique interne à l’Irak et se livrent une compétition souvent violente pour le contrôle du pays[38]. Paradoxalement, loin de pacifier la situation, la défaite militaire de Daech à Mossoul relance la lutte entre factions pour le contrôle de l’Irak. En 2018, le pays entre dans un nouveau cycle électoral qui s’annonce à haut risque[39].

References[+]


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