Le Brexit et la grande Europe

Mis en ligne le 06 Sep 2018

Cet article s’interroge sur les effets, les consĂ©quences du Brexit pour le Royaume-Uni, au sein de l’Union EuropĂ©enne et entre l’UE et ses pĂ©riphĂ©ries. Pour l’auteur, quelle que soit l’issue de la nĂ©gociation, les lignes bougent et des clarifications Ă  ces trois niveaux se font jour.

Jean-François DREVET

 


Les opinions exprimĂ©es dans cet article n’engagent pas le CSFRS.

Les références originales de ce texte sont : Jean-François Devret, « Le Brexit et la grande Europe », Futuribles.

Ce texte, ainsi que d’autres publications peuvent ĂȘtre visionnĂ©s sur le site de Futuribles :



 

Le Brexit et la grande Europe

 

AprĂšs les tribunes et articles publiĂ©s dans ces colonnes en 2015, 2016 et 2017 [1] , il pourrait paraĂźtre superflu de revenir sur le Brexit, une Ă©chĂ©ance dĂ©sormais Ă  court terme (mars 2019). C’est pourtant utile, en raison de la difficultĂ© Ă  en mesurer toutes les consĂ©quences sur le long terme et de l’importance des incertitudes qui en rĂ©sultent : une marche arriĂšre du gouvernement britannique est-elle encore possible [2] ? Quels seront les effets de la nĂ©gociation sur les 27 États membres ? Dans quelle mesure le retrait britannique affecte-t-il les relations entre l’Union europĂ©enne (UE) et ses pĂ©riphĂ©ries ?

L’hypothùse de la marche arriùre

Puisque certains experts l’estiment juridiquement possible [3], la presse britannique s’est interrogĂ©e sur la possibilitĂ© de revenir sur l’activation de l’article 50 du traitĂ© [4]. Déçu par le contenu de l’accord de sortie, le Par le ment pourrait refuser de voter la facture du retrait (withdrawal bill) et obliger le gouvernement Ă  retourner Ă  la case dĂ©part, Ă©ventuellement aprĂšs un rĂ©fĂ©rendum. Selon Tony Blair [5], le mouvement pourrait aussi venir des 27, effrayĂ©s par les consĂ©quences ca tastrophiques du retrait britannique sur leurs Ă©conomies et la gĂ©opolitique de l’Europe dans son ensemble.

Fin connaisseur de la politique intĂ©rieure britannique, Bagehot [6] ne croit pas Ă  cette hypothĂšse. Il pense que la Chambre des lords (800 membres, la deuxiĂšme assemblĂ©e lĂ©gislative du monde aprĂšs celle de la Chine), hostile au Brexit, peut retarder mais non bloquer la withdrawal bill, parce qu’en dĂ©mocratie, une assemblĂ©e Ă©lue aura nĂ©cessairement le dernier mot sur l’autre qui ne l’est pas. Il constate que le parti tory reste majoritairement pro Brexit : seulement 25 % de ses membres souhaitent que la Grande Bretagne reste dans le marchĂ© unique et 14 % sont en faveur d’un deuxiĂšme rĂ©fĂ©rendum [7], qui pourrait inverser les rĂ©sultats du prĂ©cĂ©dent. Enfin, sans ĂȘtre majoritairement pro Brexit, il observe que l’opinion n’est pas susceptible de se prononcer d’ici 2019 en faveur d’un retour en arriĂšre.

Et comme personne n’a Ă©tĂ© en me sure d’identifier pour les 27 des effets dramatiques du retrait britannique, il est peu probable que ceux-ci s’y opposent, pour autant qu’ils soient en mesure de le faire puisqu’il s’agit d’une initiative unilatĂ©rale de Londres.

Une cohésion inattendue des 27

MenĂ©e par Michel Barnier pour le compte de la Commission, la nĂ©gociation qui a conduit Ă  l’accord prĂ©liminaire de dĂ©cembre 2017 a montrĂ© la cohĂ©sion des États membres. Unis par leur dĂ©sir de ne pas payer Ă  la place des Britanniques, ils ont obtenu une grande partie de ce qu’ils avaient exigĂ© concernant leurs trois prĂ©alables : — Comme on pouvait s’y attendre, en dĂ©pit des menaces de Boris John son et des Brexiters, on s’est accordĂ© sur un montant global de l’addition Ă  payer par Londres  [8], bien qu’il de mande encore Ă  ĂȘtre prĂ©cisĂ©. — D’aprĂšs la Commission europĂ©enne, « les citoyens de l’Union vivant au Royaume-Uni et les citoyens britanniques installĂ©s dans l’UE Ă  27 conserveront les mĂȘmes droits une fois que le Royaume-Uni aura quittĂ© l’UE », ce qui devrait maintenir la compĂ©tence de la cour de justice de l’UE sur ce point, ce dont les Brexiters voulaient se dĂ©barrasser au nom du « taking back control [reprendre le contrĂŽle] ». Cela ne garantit pas le maintien de la libertĂ© d’établissement des ressortissants europĂ©ens, qui fera l’objet des nĂ©gociations ultĂ©rieures. — En fait, sous la pression des unionistes nord-irlandais du DUP (Demo cratic Unionist Party), indispensables Ă  Theresa May pour conserver sa majoritĂ©, la question irlandaise a Ă©tĂ© ajournĂ©e  : l’accord juxtapose deux positions contradictoires, car on ne peut dire clairement que le maintien de l’Irlande du Nord dans le marchĂ© unique, suivant des modalitĂ©s qui restent Ă  dĂ©terminer, soit la seule solution techniquement possible.

Il s’agit maintenant de dĂ©finir les conditions de maintien d’une association entre l’UE et le Royaume-Uni, dans chacun des chapitres de l’acquis communautaire, dans le cadre d’une nĂ©gociation qui ressemble Ă  celles des adhĂ©sions, mais qui ira dans l’autre sens. Bien qu’il existe des sensibilitĂ©s trĂšs inĂ©gales suivant les États membres, ils ont intĂ©rĂȘt Ă  rester unis, afin de rĂ©sister aux tentatives de « cherry picking [sĂ©lection de ce qui est le mieux] » britanniques qui lui permettraient de garder les avantages sans assumer les devoirs de l’adhĂ©sion

.Ce sera possible, parce que le rapport de forces est diffĂ©rent, Londres Ă©tant en position de demandeur. Dans les nĂ©gociations prĂ©cĂ©dentes, en vue de la rĂ©vision des traitĂ©s, la dĂ©lĂ©gation britannique pouvait ĂȘtre trĂšs exigeante parce qu’il fallait absolument un accord Ă  l’unanimitĂ©. Elle a pu ainsi manƓuvrer avec une habiletĂ© consommĂ©e pour obtenir des avantages particuliers Ă  tous les stades, y compris lors des ratifications, quand un rĂ©fĂ©rendum irlandais ou danois obligeait Ă  s’accorder sur des amendements. Il se pourrait maintenant que quatre dĂ©cennies d’obstruction britannique n’incitent pas les 27 Ă  un excĂšs de flexibilitĂ©.

Paradoxalement, le dĂ©part d’un État membre, loin d’entraĂźner une dis location de l’UE, aurait plutĂŽt tendance Ă  renforcer sa cohĂ©sion : s’il en Ă©tait encore besoin, c’est une preuve de la soliditĂ© du cadre juridique communautaire, qui ne se prĂȘte pas facilement aux dĂ©rogations. En attendant les bagarres du prochain marathon budgĂ©taire, la fixation des perspectives financiĂšres de l’aprĂšs-2020, on peut espĂ©rer que cette cohĂ©sion se maintiendra.

Quel que soit l’accord final, qui pourrait bien ĂȘtre, au moins provisoirement, une association minimale plus proche des accords euro-helvĂ©tiques que de l’Espace Ă©conomique europĂ©en (EEE), les experts sont unanimes Ă  considĂ©rer que les consĂ©quences du Brexit seront plus difficiles Ă  gĂ©rer pour les Britanniques que pour les 27. Compte tenu de son dĂ©ficit commercial, du temps qui lui sera nĂ©cessaire pour nĂ©gocier de nouveaux accords commerciaux avec les pays tiers, les experts estiment que l’économie britannique aura de la peine Ă  trouver des marchĂ©s alternatifs Ă  l’UE, mĂȘme en recourant au dumping fiscal et social d’un nouveau « Singapour sur-Tamise ».

Pour le moment, les milieux Ă©conomiques continentaux ne redoutent pas cette concurrence et sont plus intĂ©ressĂ©s par la reprise d’activitĂ©s qui pourraient quitter le Royaume-Uni. Il est encore trop tĂŽt pour Ă©valuer d’éventuelles dĂ©localisations industrielles (celles de l’automobile Ă©tant Ă©troitement dĂ©pendantes du contenu de l’accord d’association). La compĂ©tition pour accueillir deux agences europĂ©ennes, qui a permis Ă  Ams ter dam (Agence europĂ©enne du mĂ©dicament) et Ă  Paris (Agence bancaire europĂ©enne) de prendre la place de Londres, est un signe des appĂ©tits des continentaux. Il en va de mĂȘme des espoirs plus ou moins raisonnables des places financiĂšres europĂ©ennes pour attirer les activitĂ©s de la City.

Une clarification des relations entre l’UE et ses pĂ©riphĂ©ries ?

Parmi les consĂ©quences gĂ©opolitiques du Brexit, la perspective d’une relance de la construction europĂ©enne figure en premiĂšre place. Comme elle est analysĂ©e par ailleurs dans ce nu mĂ©ro de la revue [9], on n’y reviendra pas ici. Compte tenu de la proximitĂ© des prochaines Ă©lections (2019), la fenĂȘtre d’opportunitĂ© ouverte par le dĂ©part des Britanniques  serait de courte durĂ©e. Il y a peu de temps pour faire beaucoup, mais aprĂšs des annĂ©es d’euroscepticisme, sinon d’eurobashing, les conditions d’un renforcement d’une union politique continentale Ă  vocation fĂ©dĂ©rale n’ont jamais Ă©tĂ© plus favorables, en s’attaquant en prioritĂ© aux faiblesses structurelles de la gestion de l’euro.

En rĂ©duisant fortement le poids de l’arriĂšre-garde [10], le dĂ©part des Britanniques remet en cause le concept d’une «  Europe Ă  deux vitesses  » dans lequel l’UE s’est enlisĂ©e depuis Maastricht. Pour contourner les rĂ©ticences des eurosceptiques, les partisans de la relance, notamment en France, croyaient nĂ©cessaire de se dissocier de la construction communautaire pour se concentrer sur l’édification d’une communautĂ© alternative dans le cadre de la zone euro. Ce n’est plus nĂ©cessaire aujourd’hui.

Il n’y a plus que deux pays, le Danemark et la SuĂšde qui ne veulent pas rejoindre l’euro, alors qu’ils en ont la possibilitĂ©. Il est significatif que les Baltes n’aient pas suivi leurs parrains nordiques dans cette voie, bien que leur accession Ă  l’euro soit le rĂ©sultat d’efforts trĂšs importants et pĂ©nibles pour leur population. Leurs devises suivant de prĂšs les fluctuations de la monnaie unique, l’opting-out de Co pen hague et de Stockholm n’est pas un problĂšme. Quant aux pays qui patientent dans la salle d’attente, les progrĂšs de leur intĂ©gration commerciale avec ceux de la zone euro en font des candidats probables, dĂšs qu’ils auront satisfait aux critĂšres.

S’agissant des politiques issues des accords de Schengen, il n’y a pas d’alternative au renforcement de la zone de libre circulation. À moins de re venir sur les accords de GenĂšve de 1950, compte tenu des pressions mi gratoires, comment Ă©viter la communautarisation de la gestion du droit d’asile ?

Dans les mois Ă  venir, ces progrĂšs ne feront pas pour autant reculer le populisme et l’éventualitĂ© de gouvernements hostiles Ă  une nouvelle avancĂ©e europĂ©enne. Mais leur rĂ©sistance risque de s’amoindrir sous l’empire des nĂ©cessitĂ©s.

Au-delĂ  des limites actuelles de l’UE, en plaçant explicitement le Royaume-Uni dans la pĂ©riphĂ©rie de l’UE, le Brexit est Ă©galement de na ture Ă  clarifier la gĂ©opolitique europĂ©enne. Les limites de l’UE, en question de puis le dĂ©but des annĂ©es 2000 , sont-elles en train de se stabiliser ?[11]

La poursuite des Ă©largissements, une prioritĂ© de la politique britannique pour diluer la construction europĂ©enne dans une zone de libreĂ©change, est compromise par la rarĂ©faction du nombre de candidats. Bien que les pays des Balkans occidentaux, qualifiĂ©s de candidats potentiels de puis 2000, adhĂšrent beaucoup plus lentement que prĂ©vu, leur vocation Ă  rejoindre l’UE n’est pas remise en cause. AprĂšs la Croatie et le MontĂ© nĂ©gro, la Serbie suivra le mouvement et les autres viendront un peu plus tard si leur situation interne s’amĂ© liore. Seule la Moldavie, dans une situation trĂšs particuliĂšre entre la Roumanie et les autres membres du partenariat oriental, pourrait s’ajouter Ă  la liste.

Avec les pays qui ne veulent pas adhĂ©rer, des accords avantageux pour l’UE et acceptables pour ses parte naires ont Ă©tĂ© conclus : aprĂšs les actes manquĂ©s de la NorvĂšge (1973, 1994) et de l’Islande (nĂ©gociations avortĂ©es 2010-2012), l’EEE s’avĂšre un systĂšme durable, sans ĂȘtre un modĂšle pour des pays plus importants de la pĂ©riphĂ©rie qui n’auraient pas des intĂ©rĂȘts aussi convergents avec l’UE.

Suivant ce qui sera nĂ©gociĂ© avec les Britanniques, une forme d’accord a minima, sans avoir la cohĂ©rence du modĂšle EEE, va se construire, de maniĂšre plus ou moins comparable Ă  ce qui fonctionne avec la Suisse. Comme le montre cet exemple, il faut s’attendre Ă  une association Ă©volutive, la stabilisation n’étant pas possible Ă  court terme, compte tenu des rĂ©actions Ă©motionnelles d’une partie de l’opinion britannique (comme cela avait Ă©tĂ© le cas en Suisse en 1992 quand une votation s’était opposĂ©e Ă  la ratification de l’accord EEE).

PlutĂŽt que confirmer la fin de la nĂ©gociation d’adhĂ©sion surrĂ©aliste en gagĂ©e avec la Turquie depuis 2005, l’UE voudrait se concentrer sur l’amĂ©lioration de l’union douaniĂšre. Celle-ci fonctionnant Ă  l’avantage des deux parties, en dĂ©pit des rĂ©criminations d’Ankara, elle va probablement se maintenir, mais sans modification importante car les efforts pour l’intensifier se heurtent Ă  trop d’obstacles, indĂ©pendamment de l’imprĂ©visibilitĂ© du prĂ©sident Erdoğan.

À juste titre, la Russie a toujours estimĂ© que sa gĂ©opolitique ne lui permettait pas d’adopter une trajectoire d’adhĂ©sion, ou mĂȘme d’adoption de tout ou partie du marchĂ© unique, ce qui l’achemine vers un accord Ă©volutif de libre-Ă©change qui devrait convenir aux deux parties

. Restera pour l’UE Ă  revoir complĂštement sa politique de voisinage (PEV) en fonction des rĂ©alitĂ©s du mo ment qui ne sont plus celles des an nĂ©es 2000 : le cercle d’amis (ring of friends) est devenu un cercle de feu (ring of fire). Doit ĂȘtre redĂ©fini un schĂ©ma Ă©volutif Ă  adapter Ă  trois problĂ©matiques :

—  Celle des pays du partenariat oriental  : l’UE peut dĂ©velopper ses accords d’association rĂ©novĂ©s au fur et Ă  mesure de leurs progrĂšs vers la dĂ©mocratie et le dĂ©veloppement Ă©conomique, y compris avec un effort de stabilisation des relations avec la Rus sie puisque l’« étranger proche » est commun aux deux parties (near abroad for both).

—  Celle des pays du Maghreb qui n’ont pas d’alternative Ă  une poursuite du rapprochement avec l’UE, avec qui ils font la plus grande partie de leurs Ă©changes (soit l’extension de la stratĂ©gie marocaine), mais aussi l’intĂ©gration entre les trois principaux pays, un effort qui n’a jamais Ă©tĂ© entrepris dans le passĂ© [12] et qui n’a pas connu de progrĂšs rĂ©cent.

— Celle des pays du bassin oriental de la MĂ©diterranĂ©e et du Moyen Orient : en attendant la stabilisation de la rĂ©gion (Ă  laquelle l’UE a contribuĂ© de maniĂšre significative en participant Ă  la nĂ©gociation de l’accord nuclĂ©aire avec l’Iran), il n’y a pas d’alternative Ă  une gestion transactionnelle sur la base d’une stratĂ©gie europĂ©enne pour le Moyen-Orient dans son ensemble, qui reste Ă  Ă©tablir par le SEAE (Service europĂ©en pour l’action extĂ©rieure).

Dans ce contexte, le Brexit apparaĂźt comme un Ă©lĂ©ment de clarification des relations de l’UE avec les pĂ©riphĂ©ries europĂ©ennes, en contribuant Ă  la formation d’un cercle de pays qui feraient le choix d’une forme d’association sans rechercher pour au tant l’adhĂ©sion. À moins d’évĂ©nements graves et imprĂ©vus (un tel exercice effectuĂ© en 1988 aurait-il produit des rĂ©sultats opĂ©rationnels ?), ce schĂ©ma devrait encadrer l’évolution Ă  venir de la « grande Europe. » Il sera prĂ©cisĂ© pour chacun des espaces indiquĂ©s ci-dessus dans les tribunes Ă  venir.

References[+]

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Source : Futuribles
Mots-clefs : Brexit, Europe


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