Cet article propose un tour dâhorizon des sources dâinspiration, des ambitions et des obstacles Ă surmonter pour la toute rĂ©cente Garde nationale. RĂ©apparu au lendemain des attentats de novembre 2015, le concept de Garde national sâest officiellement concrĂ©tisĂ© en octobre 2016. Lâauteur expose donc les ambitions affichĂ©es, en terme dâeffectifs ou encore de pĂ©rimĂštre de missions, sans Ă©luder les difficultĂ©s quâelles soient liĂ©es au recrutement ou au budget nĂ©cessaire. Au-delĂ , et dans un contexte de menace et dâinfluences idĂ©ologiques mortifĂšres, il souligne combien cette Garde nationale peut constituer « un rempart Ă la fois symbolique et opĂ©rationnel ».
Les opinions exprimĂ©es dans cet article nâengagent pas le CSFRS.
Les rĂ©fĂ©rences originales de ce texte sont: Louis Vailhen, « A l’horizon de la Garde nationale », Note du CREOGN n°27, septembre 2017.
Ce texte, ainsi que dâautres publications, peuvent ĂȘtre visionnĂ©s sur le site du CREOGN.
A l’horizon de la Garde nationale
Nous assistons depuis quelques mois Ă la genĂšse et Ă la progressive organisation d’une Garde nationale française, entitĂ© (rĂ©)apparue[1] dans le paysage sĂ©curitaire national au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Ă l’occasion du discours au CongrĂšs du PrĂ©sident de la RĂ©publique[2]. Un an plus tard, le 13 octobre 2016, un dĂ©cret[3] entĂ©rinait sa crĂ©ation officielle et dĂ©finissait ses principes fondateurs. Il y Ă©tait inscrit que la Garde nationale devait rassembler les rĂ©serves opĂ©rationnelles de niveau 1 des armĂ©es et de la gendarmerie, ainsi que la rĂ©serve civile de la police ; que sa gouvernance Ă©tait assurĂ©e par les ministĂšres de la DĂ©fense et de l’IntĂ©rieur. La Garde nationale constituait-elle donc, comme certains l’exprimĂšrent alors, une simple enveloppe, regroupant des unitĂ©s dĂ©jĂ existantes ? L’apparition de cette nouvelle appellation fut en vĂ©ritĂ© l’occasion de redonner un Ă©lan aux forces de la rĂ©serve et de les doter d’un propulseur. Le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral de la Garde nationale, dirigĂ© depuis le 20 octobre 2016 par le gĂ©nĂ©ral de division Poncelin de Raucourt, est la figure de proue de cette redynamisation. Un arrĂȘtĂ©4, publiĂ© le 27 mars 2017, charge ce secrĂ©tariat de « dĂ©velopper des conventions et partenariats avec les entreprises ou administrations, dâentretenir les relations avec les employeurs civils », « dâanimer le rĂ©seau des correspondants rĂ©serve entreprise-dĂ©fense », « de proposer, Ă©tudier, dĂ©velopper des mesures dâattractivitĂ©, d’Ă©largir les viviers de recrutement, de dynamiser le vivier des jeunes, de renforcer les liens avec l’enseignement supĂ©rieur ». La Garde nationale s’est en effet vu confier un objectif ambitieux : rassembler, sous sa banniĂšre, 85 000 rĂ©servistes en 2018 (contre environ 65 000 aujourd’hui) dont 40 000 proviendraient de la gendarmerie, 40 000 des armĂ©es et 5000 de la police.
La Garde nationale n’est pas, et ne prĂ©tend pas devenir, une quatriĂšme arme autonome, puisque la prĂ©paration et lâemploi de ses hommes restent des prĂ©rogatives de chacune des forces armĂ©es. Elle est le produit d’une dynamique qui entend redonner Ă la rĂ©serve de nouvelles ambitions. Aux Français, elle offre la possibilitĂ© de conjurer leurs craintes, de concourir Ă l’effort de dĂ©fense du territoire par l’engagement. Dans ce contexte, cette note revient sur l’action que la Garde nationale pourrait mener dans les mois Ă venir.
Dans cette perspective, la Garde nationale peut s’inspirer de modĂšles Ă©trangers ou nationaux dĂ©jĂ existants, qui lui permettraient d’atteindre les nombreux objectifs qu’elle s’est fixĂ©s, quoi qu’il lui reste des obstacles Ă surmonter.
Les sources d’inspiration
Ă lâĂ©tranger
Contrairement Ă ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas la National Guard Ă©tats-unienne, dont le statut de milice diffĂšre par trop du modĂšle français, qui pourrait inspirer la Garde nationale française, mais bien l’exemple canadien. Dans ce pays, les rĂ©servistes de lâarmĂ©e de terre sont quasiment aussi nombreux que les militaires dâactive, ce qui tĂ©moigne des nombreuses responsabilitĂ©s qui leur sont confiĂ©es. Une de leurs principales missions consiste Ă assurer une prĂ©sence militaire dans les rĂ©gions peu peuplĂ©es du Grand Nord, le long des cĂŽtes et dans les endroits isolĂ©s. Ils amĂ©liorent la capacitĂ© opĂ©rationnelle des Forces canadiennes en cas de crise majeure, participent Ă la formation de jeunes recrues (les cadets) et appuient lâactive lorsque des Ă©vĂ©nements internationaux majeurs sont organisĂ©s sur le sol canadien. Par ailleurs, le rĂ©serviste a le choix entre plusieurs formules dâengagement. Il peut ĂȘtre engagĂ© Ă temps partiel, Ă temps plein pour une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e, ou encore, Ă titre exceptionnel, sur une fonction normalement rĂ©servĂ©e Ă un militaire de carriĂšre. Enfin, il est trĂšs aisĂ© de passer du statut de militaire dâactive Ă celui de rĂ©serviste, et vice versa[4].
S’agissant de l’attractivitĂ©, la Garde nationale pourrait s’inspirer de la rĂ©serve britannique. L’armĂ©e du Royaume-Uni a publiĂ©, Ă l’intention des employeurs, un guide qui prĂ©sente les missions de ses rĂ©servistes et les atouts qu’ils peuvent reprĂ©senter pour l’entreprise. Chaque aptitude militaire acquise au cours des missions du rĂ©serviste est transposĂ©e en une qualification utile dans la sphĂšre professionnelle privĂ©e. Le rĂ©serviste se dote ainsi progressivement d’un vĂ©ritable passeport de compĂ©tences[5] qu’il peut valoriser au quotidien. NĂ©anmoins, en se dotant d’une garde citoyenne, c’est une armature originale et personnelle que la France doit secrĂ©ter, et non un calque exact, tant la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure d’un pays est le fruit d’une histoire, d’une gĂ©ographie et d’une culture nationales.
Des schémas déjà éprouvés sur le territoire français
La Garde nationale pourrait reprendre Ă son compte les canevas de certains schĂ©mas d’organisation, dĂ©jĂ adoptĂ©s sur l’Hexagone et dans les territoires des outre-mer. Ă ce titre, le fonctionnement de la rĂ©serve opĂ©rationnelle de gendarmerie est gĂ©nĂ©ralement reconnu comme un « idĂ©al du genre »[6]. C’est celui qui exploite sans doute aujourd’hui le mieux les bĂ©nĂ©fices induits par la proximitĂ© entre bassin de vie et lieu d’activitĂ© militaire. Ses rĂ©servistes s’insĂšrent en effet aujourd’hui avec souplesse au sein des brigades territoriales. Indispensables au bon accomplissement des missions quotidiennes de la gendarmerie, ces volontaires Ă©voluent en complĂ©ment d’unitĂ©s, voire de façon autonome dans des formations entiĂšrement constituĂ©es de rĂ©servistes. Ils sont le plus souvent employĂ©s Ă proximitĂ© de leurs lieux de vie familiale ou professionnelle, sans ĂȘtre contraints de se dĂ©placer, pour leurs entraĂźnements ou l’accomplissement de leurs missions, Ă plusieurs centaines de kilomĂštres de leurs domiciles. Ce fonctionnement autorise donc un emploi « Ă la journĂ©e » des gendarmes rĂ©servistes, au cĆur d’un environnement qui leur est familier. Ce pragmatisme pourrait inspirer la Garde nationale dans son ensemble, faciliter l’engagement des civils, et complaire Ă leurs employeurs, qui seraient plus enclins Ă les voir s’absenter pour de courtes durĂ©es.
Un autre enjeu capital est de parvenir Ă favoriser la collaboration et l’interopĂ©rabilitĂ© entre forces militaires, qui semblent destinĂ©es Ă rester sur le territoire national, et les forces de l’ordre. L’expĂ©rimentation « Minerve 8, qui s’est tenue en avril 2016 dans l’IsĂšre, et s’inspirait elle-mĂȘme de la mission « Harpie » en Guyane, a vu collaborer militaires de l’armĂ©e de Terre et de la gendarmerie. Leur mission consistait en un contrĂŽle des flux routiers autour de l’aĂ©roport Grenoble-IsĂšre. Se pourrait-il que, dans les annĂ©es qui viennent et sur le mĂȘme principe, des rĂ©servistes des armĂ©es, de la gendarmerie et de la police renforcent cette collaboration dĂ©jĂ existante ? C’est en tout cas ce que peut suggĂ©rer le terme gĂ©nĂ©rique et unificateur de « Garde nationale ».
L’emploi et le rayonnement de la Garde nationale
Une bouffĂ©e d’oxygĂšne opĂ©rationnelle
Dans lâabsolu, les rĂ©servistes sont chargĂ©s de venir relayer l’action des militaires d’active et des forces de l’ordre. Une part non nĂ©gligeable des missions de police territoriale peut leur ĂȘtre confiĂ©e : surveillance du territoire, sĂ©curisation de sites lors d’Ă©vĂ©nements importants, lutte contre la dĂ©linquance, rĂ©alisation, pour les rĂ©servistes de gendarmerie, de certains actes grĂące au statut dâagent de police judiciaire adjoint, etc. Ils sont affectĂ©s au service quotidien des unitĂ©s qu’ils intĂšgrent et certains peuvent mĂȘme prendre part Ă des missions Ă l’Ă©tranger. Cependant, les rĂ©servistes se sont vu confier de nouvelles charges Ă l’issue des attaques terroristes et ce, dans un contexte de surchauffe opĂ©rationnelle des forces d’active. La Garde nationale doit prendre en partie le relais des effectifs militaires[7] sur le territoire national. Le ministĂšre de la DĂ©fense a fixĂ© pour 2018 un objectif de 1000 rĂ©servistes des armĂ©es employĂ©s quotidiennement Ă la protection intĂ©rieure. Il a mĂȘme derniĂšrement expĂ©rimentĂ© le dĂ©ploiement d’une section autonome dĂ©diĂ©e Ă la mission Sentinelle et constituĂ©e entiĂšrement de rĂ©servistes[8].
Par ailleurs, la Garde nationale sera chargĂ©e de reconstituer une partie du maillage territorial des armĂ©es sur le sol français. Elle pourrait ĂȘtre amenĂ©e Ă rĂ©investir les nombreux « dĂ©serts militaires » apparus au cours des derniĂšres dĂ©cennies et rĂ©pondre aux attentes de la population qui a regrettĂ© ces dĂ©parts. Cela permettrait dây amĂ©liorer les capacitĂ©s dâintervention et d’y faire Ă nouveau rayonner lâ« esprit de DĂ©fense »[9]. La mise en place, courant 2017, dâUnitĂ©s dâIntervention de RĂ©serve (UIR), des compagnies de rĂ©servistes formĂ©es et entraĂźnĂ©es par des rĂ©giments dâactive et destinĂ©es Ă sâimplanter Ă proximitĂ© de ces derniers, va dans ce sens[10]. Ces mesures permettraient de crĂ©er des unitĂ©s de contact supplĂ©mentaires entre la rĂ©serve et la population.
D’un point de vue gĂ©nĂ©ral, il s’agit donc de soulager les armĂ©es ainsi que les forces de sĂ©curitĂ©, pour que celles-ci puissent se concentrer sur les missions qui occupent le haut du spectre sĂ©curitaire et militaire. La Garde nationale peut donc Ă©galement ĂȘtre chargĂ©e de s’occuper des missions qui empĂȘchent les forces d’active, notamment, de mener Ă bien leur entraĂźnement. Elle peut aussi reprendre Ă son compte une partie des tĂąches administratives. Les rĂ©servistes sont et seront aussi amenĂ©s Ă effectuer des missions que les forces de lâordre nâont plus toujours le temps de rĂ©aliser (contact auprĂšs des commerçants, surveillance des habitations). Une bouffĂ©e dâoxygĂšne opĂ©rationnelle donc. De plus, les compĂ©tences de certains civils, bĂ©nĂ©ficiant d’un savoir-faire de haut niveau, restent particuliĂšrement prisĂ©es. Ă ce titre, on peut confier aux rĂ©servistes des missions spĂ©cialisĂ©es, relatives Ă lâintelligence Ă©conomique, au conseil juridique, aux soins sanitaires et mĂȘme aux risques cybernĂ©tiques.
Incarner l’engagement citoyen du XXI e siĂšcle ?
Parmi les projets dĂ©jĂ envisagĂ©s par le gĂ©nĂ©ral de division Poncelin de Raucourt au sein du projet « RĂ©serves 2019 », on trouve dâores et dĂ©jĂ plusieurs dĂ©fis que la Garde nationale se propose de relever. On peut citer en particulier l’amĂ©lioration de la protection sociale des rĂ©servistes, la crĂ©ation d’une distinction « Garde nationale », l’intĂ©gration des employĂ©s rĂ©servistes au calcul de la responsabilitĂ© sociĂ©tale de l’entreprise (RSE), la crĂ©ation dâune passerelle entre Service Civique et Garde nationale ainsi que la crĂ©ation dâune fondation de la Garde nationale destinĂ©e Ă mieux associer entreprises et rĂ©servistes[11]. Ces initiatives visent Ă crĂ©er un rĂ©seau important d’organismes publics et privĂ©s participant plus ou moins directement Ă la protection de la Nation. Un tel rĂ©seau pourrait impliquer non plus quelques dizaines de milliers de personnes, mais peut-ĂȘtre des centaines de milliers.
Plus globalement, la Garde pourrait ĂȘtre le futur support d’un service militaire revisitĂ©, la conscription volontaire se substituant Ă la conscription nationale. Les moyens manquent pour restaurer aujourdâhui le service militaire obligatoire : infrastructures insuffisantes, instructeurs trop peu nombreux pour encadrer 600 000 jeunes chaque annĂ©e, coĂ»ts importants… Lâappel Ă la rĂ©serve opĂ©rationnelle et sa constitution en Garde nationale prĂ©sentent lâintĂ©rĂȘt de garantir une forme de participation citoyenne Ă la dĂ©fense, dont la majoritĂ© des acteurs serait par ailleurs constituĂ©e de jeunes. La rĂ©serve pourrait ainsi venir dĂ©doubler le service militaire volontaire et constituer un ensemble de « bataillons citoyens Ă temps partiel ». Quoi qu’il en soit, la Garde nationale sera chargĂ©e de diffuser, autour dâelle et au plus loin, une culture de la DĂ©fense, un esprit de cohĂ©sion patriotique, des compĂ©tences et rĂ©flexes en matiĂšre de sĂ©curitĂ©. Au-delĂ de l’outil sĂ©curitaire, elle est aussi un symbole de la rĂ©silience du peuple français.
Quels obstacles, quelles difficultés à surmonter ?
MalgrĂ© cette dynamique, les employeurs, et plus particuliĂšrement ceux des entreprises privĂ©es, peuvent encore se montrer assez rĂ©ticents Ă laisser leurs salariĂ©s s’engager dans la rĂ©serve. Selon un sondage rĂ©alisĂ© fin 2015 par le ministĂšre de la DĂ©fense, 50% des salariĂ©s rĂ©servistes avouaient avoir rencontrĂ© des difficultĂ©s Ă s’engager, ce qui en incitait certains Ă le faire sans prĂ©venir leurs employeurs. Les mesures d’attractivitĂ©[12] Ă l’intention des entreprises pourraient y remĂ©dier, mais en partie seulement, car le problĂšme est aussi dâordre culturel. NĂ©anmoins, plus de 200 entreprises et administrations ont dĂ©jĂ signĂ© des conventions de soutien Ă la politique des rĂ©serves. Certains grands groupes[13] montrent la voie en facilitant l’engagement de leurs salariĂ©s. Le Medef a lui-mĂȘme signĂ© en septembre 2016 une charte d’engagements rĂ©ciproques avec le MinistĂšre de la DĂ©fense en faveur de la rĂ©serve opĂ©rationnelle[14]. De plus, des expĂ©rimentations sont en cours avec l’agence d’emploi par intĂ©rim Adecco, et avec le groupement d’employeurs du Loir-et-Cher, qui propose aux jeunes signant un contrat d’apprentissage de servir dans la rĂ©serve.
Quant Ă l’intĂ©gration des rĂ©servistes au sein des unitĂ©s d’active, elle pose Ă©galement question[15]. Ils sont aujourd’hui encadrĂ©s par des militaires professionnels, mais quâen sera-t-il Ă lâavenir si lâidĂ©e est de massifier le recours Ă ces recrues ? Va-t-on avoir des rĂ©giments constituĂ©s entiĂšrement de rĂ©servistes, qui nâont pourtant pas les mĂȘmes rĂ©flexes et aptitudes que les unitĂ©s professionnelles ? Ce thĂšme renvoie aux problĂ©matiques de formation et d’encadrement des troupes. LâĂ©tat de stress sĂ©curitaire dans lequel ont Ă©tĂ© plongĂ©es les forces armĂ©es au cours des derniers mois a conduit les instructeurs, brusquĂ©s par les Ă©vĂ©nements, Ă former en quelques semaines les nouveaux membres de la Garde nationale. Le risque existe, si la formation initiale nâest pas allongĂ©e, approfondie ou renforcĂ©e, de constater le dĂ©crochage de forces auxiliaires formĂ©es trop hĂątivement.
Enfin, il est clair que les armĂ©es et la gendarmerie ne pourront employer une rĂ©serve opĂ©rationnelle de masse, consommatrice en infrastructures, Ă©quipements et pĂ©riodes de formation, sans un budget Ă la hauteur. Si les 311 millions d’euros[16] allouĂ©s en 2017 aux rĂ©serves opĂ©rationnelles des forces armĂ©es et Ă la rĂ©serve civile de la police peuvent paraĂźtre insuffisants pour rĂ©pondre Ă leurs ambitions les plus hautes, la contraction de cette somme donnerait un net coup d’arrĂȘt aux diffĂ©rents projets dĂ©crits plus haut.
En somme, face Ă une menace diffuse et imprĂ©visible, la Garde nationale peut constituer un rempart Ă la fois symbolique et opĂ©rationnel. En 2018, 9250 rĂ©servistes devraient ĂȘtre employĂ©s chaque jour Ă la protection du territoire français. Si cette nouvelle entitĂ© remplit cet objectif, c’est qu’elle aura rĂ©pondu Ă la double exigence de l’attractivitĂ© et de la territorialitĂ©. Elle renouerait alors avec la figure rĂ©publicaine de la Nation armĂ©e, hĂ©ritage rĂ©volutionnaire et jauressien[17], dont la bataille de Valmy reste l’un des Ă©pisodes fondateurs. Elle deviendrait, en contrepoint de la jeunesse criminelle ou djihadiste, une arme de guerre cognitive dans la lutte d’influence que la France mĂšne contre ses ennemis.
References