Edito n°16 du 17 octobre 2017
Publié le 17-10-2017
« La globalisation à la fois une et plurielle connaît sa propre crise qui rapproche et désunit, unifie et sépare. »
Edgar Morin, sociologue et philosophe
Nous nous en faisions l’écho la semaine dernière, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale débutée le 29 juin dernier a été remise officiellement le 13 octobre au Chef de l’État par la Ministre des Armées. Nous vous proposons de prendre connaissance de ses principales conclusions avec la synthèse en neuf points clefs disponible via ce lien. Vous pouvez également consulter le texte complet via cet autre lien. Sur une scène stratégique internationale instable et incertaine, marquée par les émergences et les réémergences d’acteurs, comme par l’accélération du tempo des transformations technologiques, numériques en particulier, nous vous proposons cette semaine d’aborder trois problématiques. Ces problématiques s’inscrivent dans des champs et registres différents mais qui convergent par l’ampleur de leurs conséquences potentielles sur nos sociétés.
Par son amplitude, sa portée, sa célérité, la transformation numérique bouleverse jusqu’à notre rapport au monde et à notre humanité. Une « robolution » est en cours, portée par la convergence des avancées de la robotique et de la transformation numérique. Janus à la face engageante de l’homme « augmenté » comme à celle grimaçante de l’homme asservi, voire remplacé, cette « robolution » pose le défi clef du rapport de subordination entre l’homme et le robot. Le général Marc Watin-Augouard, Directeur du Centre de Recherche de l’Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale (CREOGN), explore avec rigueur et met en perspective les différents aspects interdépendants de ce défi, qu’ils soient technique, juridique, politique, éthique, existentiel même. A l’instar de la bioéthique, il plaide pour le développement d’une cyber-éthique, surplomb de légitimité indispensable aux futurs choix, politiques et juridiques.
Le projet chinois de nouvelles routes économiques de la soie, plus connu sous le nom d’OBOR (one belt one road) ou plus récemment BRI (belt and road initiative) se caractérise par un effort d’infrastructure d’ampleur comparable, mutatis mutandis, à celui de la conquête de l’Ouest au XIXème siècle ou des Trente Glorieuses. L’entretien avec Christian Vicenty mené par Vivien Fortat est issu de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Il propose une lecture économique et géopolitique de ce projet gigantesque voulu par Xi Jinping. Le projet vise à la fois à accompagner une profonde mutation économique interne qu’à projeter, sur des routes sécurisées, le commerce et la culture chinoises. Au-delà des premiers bilans et des montants colossaux d’investissements exigés, l’entretien met en lumière la stratégie développée par Pékin pour faire accepter le projet et s’assurer d’un partenariat actif des pays concernés. Une stratégie empreinte selon Christian Vicenty de philosophie taoïste, visant la paix durable via le commerce bien ordonné.
L’article du Lieutenant-colonel Nicolas Bénévent, stagiaire de la 24ème promotion de l’Ecole de Guerre (EDG), vise à nous faire saisir et comprendre les ressorts et les rouages du soft power « à la russe ». Il mène une analyse critique et détaillée des voies et moyens principaux de la stratégie d’influence développée par la Russie. Cette stratégie d’influence constitue un levier pour ériger la Russie en un acteur incontournable sur la scène internationale et favoriser l’avènement d’un monde multipolaire. Si l’auteur pointe l’efficacité de cette stratégie d’influence, il n’en souligne pas moins les limites, en illustrant son propos par des faits tirés d’une actualité récente. L’article accrédite ainsi l’idée qu’une réponse à la stratégie d’influence russe devrait être fondée, non sur une posture strictement défensive, mais sur le développement d’une réelle capacité de soft power à même de concurrencer celle de la Russie.
Nourrir la réflexion stratégique, comme le souligne la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale, passe par davantage d’agilité intellectuelle. En reflétant la diversité des champs et des approches, en facilitant le rapprochement des acteurs comme l’accès aux meilleures sources de la réflexion stratégique, Geostrategia s’inscrit dans cette démarche.
Auteur(s) : « La globalisation à la fois une et plurielle connaît sa propre crise qui rapproche et désunit, unifie et sépare. » Edgar Morin, sociologue et philosophe Nous nous en faisions l’écho la semaine dernière, la Revue stratégique de défense et de sécurité nationale débutée le 29 juin dernier a été remise officiellement le 13 […]
Source(s) : CSFRS