La Force conjointe du G5 Sahel n’est pas le fruit d’une injonction française mais bien la manifestation d’une maturation et d’une appropriation stratégiques régionales. C’est l’idée maîtresse qui irrigue et structure cette analyse. Au travers du processus de création de cette force, l’incidence majeure d’une volonté politique des états africains concernés transparait en effet, même si l’auteur n’élude pas l’impact structurant du soutien français.
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Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.
Les références originales de ce texte sont: Nicolas Desgrais, « La Force conjointe du G5 Sahel, une initiative africaine d’appropriation de la gestion des conflits au Sahel « , Article tiré du mémoire qui a reçu le prix de la réflexion stratégique, décembre 2017.
Le mémoire peut être visionné sur le site du CSFRS.
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La Force conjointe du G5 Sahel, une initiative africaine d’appropriation de la gestion des conflits au Sahel
Doctorant à l’University of Kent en Relations Internationales, Nicolas Desgrais est également Teaching Assistant à SciencesPo Paris et à la Brussels School of International Studies. Après des expériences professionnelles variées au sein du Ministère de la Défense, passant du Bureau Afrique de l’Etat-Major des Armées (EMA) à l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire (IRSEM), puis par la Mission de Défense de l’Ambassade de France au Nigeria, ses recherches doctorales se sont portées sur la coopération militaire au Sahel en matière de lutte contre le terrorisme, notamment à travers une étude comparative de la Force Conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) et de la Force Multinationale Mixte (FMM) de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT).
Introduction
L’important soutien militaire et diplomatique que la France apporte à la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) depuis sa création en novembre 2015, et plus généralement au volet militaire du G5 Sahel depuis 2014, a suscité beaucoup de fantasmes et de confusion autour de ce nouveau dispositif militaire, souvent présenté comme une initiative française qui, du fait de la présence de Barkhane, aurait été imposé aux pays du G5 Sahel, anciennes colonies françaises.
Cette grille d’analyse, présupposant un néocolonialisme français, est caricaturale et, à bien des égards, erronée. A travers ce papier, qui s’appuie sur la littérature institutionnelle et des entretiens menés à Paris, Bruxelles et Ouagadougou dans le cadre de mes recherches doctorales, je souhaite contester la véracité de certaines idées reçues en revenant sur la genèse de cette initiative et en dressant un tableau non-exhaustif des intérêts qui ont poussé les Etats membres du G5 Sahel à créer cette force, et, la France, à la soutenir intensément.
Genèse d’une initiative africaine
Le G5 Sahel, fruit du Processus de Nouakchott ou invention française ?
Contrairement à certains préjugés, la création du G5 Sahel n’est pas une initiative française mais s’inscrit dans un processus de réappropriation de la gestion des conflits lancé par l’Union Africaine (UA) suite à l’intervention française au Mali et découle pleinement de la volonté politique de la Mauritanie, du Mali, du Burkina, du Niger et du Tchad de créer un nouveau cadre de coopération régional inter-étatique en matière de sécurité et de développement.
En effet, suite au déclenchement de l’opération Serval au Mali, en janvier 2013, l’UA, cantonnée à un rôle d’observateur, n’a pu que constater les défaillances de son système continental de gestion des conflits, appelé Architecture Africaine de Paix et de Sécurité (AAPS, APSA en anglais). Pour y remédier, l’UA décide de lancer, le 17 mars 2013, le « Processus de Nouakchott ». Réunissant l’Algérie, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, le Sénégal et le Tchad, ce cercle de concertation a pour objectif affiché de renforcer la coopération sécuritaire et d’opérationnaliser l’APSA dans la région sahélo-saharienne. Il est important de noter que le processus de Nouakchott, initié avant la création du G5 Sahel, a notamment proposé la mise en place de patrouilles conjointes, la création d’unités mixtes et l’envoi d’une force antiterroriste au nord du Mali. Accréditant la thèse d’une filiation avec le processus de Nouakchott, le G5 Sahel a repris à son compte certaines propositions comme la mise en place de patrouilles conjointes ; la proposition de l’envoi d’un corps expéditionnaire anti-terroriste au Nord-Mali ayant, quant à elle, structurée les débats au moment de la conceptualisation de la Force Conjointe du G5 Sahel.
Créé à Nouakchott, en février 2014, lors d’un sommet des Chefs d’État de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad, le G5 Sahel a vu sa Convention adoptée et signée en décembre 2014 lors du sommet suivant, toujours dans la capitale mauritanienne. La jeune organisation inter-gouvernementale se définit comme étant « un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale »[1]en matière de sécurité, de développement, de gouvernance. En d’autres termes, le G5 Sahel a vocation à coordonner les multiples « Plans Sahel » des différents partenaires techniques et financiers des Etats membres (ONU, UE, BM, FMI, UA, CEDEAO, etc…) mais aussi à devenir le canal de réception privilégié de l’aide internationale en matière de lutte contre le terrorisme dans la région. La compétence de l’organisation en matière de gestion des conflits est clairement annoncée, l’objectif étant de « préserver l’intégrité territoriale des États et mener, ensemble, une action résolue en vue d’assurer la sécurité dans l’espace sahélien »[2]. La volonté des Etats sahéliens de s’approprier la sécurité dans leur espace commun s’inscrit pleinement dans la démarche du Processus de Nouakchott pour revitaliser l’APSA.
Force Conjointe du G5 Sahel, une volonté des Etats membres
A l’instar de son organisation de rattachement, la Force Conjointe du G5 Sahel (FC-G5S) est également présentée comme une initiative française cherchant uniquement à offrir à Barkhane une porte de sortie. Si, effectivement, la montée en puissance de cette force pourrait alléger le fardeau porté jusque-là par Barkhane et lui donner plus de marges de manœuvre, le chemin sera long avant qu’elle ne puisse mener en autonome de telles missions, comme l’a démontré les lourdes difficultés logistiques et de communication rencontrées lors de sa première opération, baptisée « Haw Bi », début novembre 2017.
La volonté politique des Etats africains est trop souvent sous-estimée, voire absente, dans les analyses portant sur cette nouvelle force militaire régionale. Pourtant, l’étude du processus de création de la Force conjointe nous montre que la volonté politique des Etats membres prime sur l’influence française émise pendant la phase de conceptualisation à travers la coopération technique de Barkhane.
Tout d’abord, en novembre 2015, c’est à la surprise générale que les Chefs d’Etat ont décidé, pendant leur réunion à huis-clos, de créer une force conjointe qui ne figurait pourtant ni à l’ordre du jour, ni dans les travaux préparatoires des Chefs d’Etat-major de Armées ou des ministres. Le travail de coopération de la France venait d’aboutir quelques jours plus tôt à la signature du Partenariat militaire de coopération transfrontalière (PMCT) qui définit le cadre de la coopération entre les armées du G5 Sahel. En quelque sorte, l’approche « bottom-up » et pragmatique de la France qui consiste à avancer par petits pas s’est retrouvée mise en difficulté par l’approche « top – down » adoptée par les Chefs d’Etat du G5 Sahel qui pousse vers un lourd processus d’institutionnalisation comme nous le verrons.
Après plusieurs mois de manque de leadership de la part de la présidence tchadienne du G5 Sahel et de débats sur la conceptualisation et l’architecture de la force conjointe, ce sont les pays du fuseau Centre (Mali, Burkina Faso, Niger) qui ont relancé le processus de création de la FC-G5S, en janvier 2017, en annonçant, encore une fois à la surprise générale, la création d’une autre force régionale au sein de l’Autorité du Liptako Gourma (ALG). Cette Force Multinationale de Sécurisation du Liptako Gourma (FMS-LG), décrite comme étant une composante de la FC-G5S, visait surtout à relancer un processus ankylosé depuis novembre 2015. Objectif accompli car quelques semaines plus tard, en février 2017, la création formelle de la FC-G5S a lieu lors d’un Sommet à Bamako.
Ainsi, le G5 Sahel et sa Force Conjointe (FC-G5S) apparaissent bel et bien comme des initiatives africaines issues de la volonté politique des Etats sahéliens. Nier leur rôle dans le processus de création de ces deux initiatives peut être lourd de conséquences dans la mesure où une telle analyse nie à ces Etats leur capacité d’être acteurs et ne permet, donc, pas de comprendre la nature de la coopération entre ces derniers et leurs partenaires stratégiques.
Un soutien français structurant pour le volet Défense du G5 Sahel
Si la France n’est pas à l’initiative, elle a, néanmoins, apporté un soutien multiforme, robuste et continu qui a fortement structuré le volet Défense du G5 Sahel, dont la FC-G5S en est le fer de lance.
Le Comité de Défense et de Sécurité, PMCT et OMCT
La Convention portant création du G5 Sahel énonce les différents organes de l’institution. Parmi la Conférence des Chefs d’Etat, le Conseil des Ministres, le Secrétariat Permanent et les Comités Nationaux de Coordination (CNC), figure un mystérieux Comité de défense et de sécurité (CDS), « qui regroupe les Chefs d’Etat-major et les responsables dument mandatés pour les questions de sécurité par les Etats membres »[3] et est chargé de définir une stratégie de défense et de sécurité commune, de développer des partenariats stratégiques bilatéraux et multilatéraux et de coordonner leurs efforts nationaux.
La pratique, caractérisée par le soutien technique et militaire de la France à travers l’opération Barkhane, viendra préciser le rôle et structurer le fonctionnement de ce CDS. Dans son format dit « restreint Défense », le Comité ne réunit que les Chefs d’Etat-major des armées des pays membres. C’est à ce niveau que le soutien de la France sera le plus important. L’intensité des relations bilatérales militaires que la France entretenait au préalable avec les Etats membres du G5 Sahel a permis d’aboutir à la signature, en novembre 2015, d’un Partenariat militaire de coopération transfrontalière (PMCT) qui formalise un cadre technique de coopération entre les armées du G5 Sahel et l’opération Barkhane visant à faciliter la planification et la conduite des opérations militaires conjointes transfrontalières (OMCT). Grâce à l’appui de Barkhane, une vingtaine d’opérations de ce type, qui réunissent des unités de deux ou trois armées partageant un même espace transfrontalier, ont déjà été conduites à ce jour. Dans le cadre du PMCT, le Chef d’Etat-major des Armées français a participé, à plusieurs reprises, aux réunions du Comité « restreint Défense ».
Le tout récent PMCT, qui était sur le point d’être approuvé par les Chefs d’Etat du G5 Sahel à l’occasion du Sommet de N’Djamena de novembre 2015 pour devenir la pierre angulaire de la coopération militaire au Sahel pour les prochaines années, a vu son application chahutée par l’annonce de la création d’une Force conjointe dont les contours sont longtemps restés flous.
La FC-G5S, institutionnalisation de mécanismes préexistants
Plus qu’un nouveau dispositif militaire qui viendrait se superposer à d’autres préexistants, la FC-G5S est, avant tout, une initiative visant à pérenniser les organes de coordination et de planification issus de la coopération poussée entre Barkhane et les armées sahéliennes dans le cadre du Partenariat militaire de coopération transfrontalière (PMCT)[4].
Le CONOPS de la force, approuvé par les Chefs d’Etats des pays du G5 Sahel, en février 2017, définit une architecture visant à mettre en place un dispositif militaire permanent capable de mener des opérations dans des zones s’étirant de 50 kilomètres de chaque côté des frontières partagées par les pays membres de l’organisation. Son mandat est large, il s’agit de « combattre le terrorisme, le trafic de drogue, les trafics d’êtres humains, en vue de créer un environnement sécurisé en éradiquant l’action des groupes armés terroristes et des autres groupes criminels organisés »[5]. Composée de 5000 militaires, gendarmes et policiers, la FCG5S compte sept bataillons de 650 hommes (550 militaires, 100 policiers et gendarmes) répartis sur trois fuseaux : – un « fuseau Ouest » (Mauritanie, Mali) ; – un « fuseau Centre » (Mali, Burkina, Niger) ; – un « fuseau Est » (Niger, Tchad).
Les opérations menées dans chacun de ces trois fuseaux seront planifiées et conduites à partir du poste de commandement (PC) opératif, basé à Sévaré au Mali, et du PC tactique propre à leur fuseau. Pour le fuseau Centre, composé de trois bataillons, le PC tactique est basé à Niamey alors que pour les fuseaux Ouest et Est, composés de deux bataillons, les PC tactiques seront respectivement installés à N’beiket en Mauritanie et Wour au Tchad.
Cette institutionnalisation avec la création de postes de commandement et l’identification de bataillons nationaux appartenant à la FC-G5S représente une appropriation par les pays du G5 Sahel des opérations de lutte contre le terrorisme menées dans leurs espaces transfrontaliers. Cette appropriation vise notamment à remplacer et pérenniser les Comités de Coordination Opérationnelle (CCO), structures jusque-là ponctuelles et pilotées par la Force Barkhane lors des opérations militaires conjointes transfrontalières (OMCT).
Après plusieurs mois d’efforts diplomatiques pour faire valider son CONOPS, par l’Union africaine (UA) et l’Organisation des Nations unies (ONU), respectivement en avril et en juin dernier, la force conjointe est désormais dans sa phase de montée en puissance.
Une appropriation régionale qui modifie l’environnement stratégique
La France et les Etats membres du G5 Sahel ont fait le même constat de l’incapacité institutionnelle de l’Union Africaine à projeter dans la durée une force africaine pour lutter contre des groupes jihadistes qui ont une tendance à régionaliser leurs actions. Le regain d’intérêt pour un cadre multilatéral restreint autour de quelques pays les pousse à soutenir la même approche régionale qui a pour conséquence de contester le monopole de l’UA en matière de gestion des conflits. La Revue stratégique de défense et de sécurité nationale considère l’appropriation comme un enjeu stratégique pour la France : « l’objectif partagé avec nos partenaires africains est une meilleure appropriation de leur sécurité »[6].
Un contournement de l’Union Africaine et de son architecture de sécurité obsolète
La Force Conjointe du G5 Sahel est une initiative sécuritaire régionale ad hoc à l’APSA de l’UA à plusieurs égards. Tout d’abord, son organisation régionale de rattachement, le G5 Sahel, n’est pas reconnu par l’UA comme faisant partie des Communautés Economiques Régionales (CER)[7], qui sont, elles, pleinement intégrées à l’APSA, notamment à travers la mise en œuvre des cinq Brigades régionales composant la Force Africaine en Attente (FAA). Le Sahel se retrouve, selon cette architecture, divisé entre 3 brigades régionales censées pouvoir se déployer au sein de leur zone de responsabilité. La MISMA déployée au Mali, en janvier 2013, a été déployée sous commandement de la CEDEAO mais son contingent le plus important, composé de 2000 soldats, venait du Tchad qui dépend de la brigade en attente d’Afrique centrale. L’ensemble du dispositif de gestion des crises de l’UA est alors apparu obsolète aux yeux des différents acteurs.
Cette initiative régionale peut également être considérée comme ad hoc dans la mesure où elle marginalise le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, pourtant défini comme l’organe central et décisionnaire de l’APSA en matière de gestion des conflits. Alors que le dispositif continental centralisé autour du CPS prévoyait que ce dernier prenne les décisions importantes, telle que la projection des FAA en fonction de scénarios de crises prédéfinis, la tendance des opérations de paix en Afrique montre un recours important à des coalitions ad hoc qui demandent au CPS l’approbation de leur mandat a posteriori.
Après avoir approuvé le CONOPS de la FC-G5S, le CPS, à travers son Commissaire, l’Ambassadeur Smaïl Chergui, a reconnu, en novembre 2017, à la force conjointe le statut d’Opération de Soutien à la Paix (OSP) de l’UA, au même titre que la Force Multinationale Mixte (FMM) de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Malgré cette intégration progressive dans le dispositif de l’UA, la Force conjointe reste ad hoc dans le cheminement de l’aide internationale qui ne transite plus par l’UA, comme c’est encore le cas avec la FMM.
Une coopération militaire renforcée, le paradoxe de l’appropriation
Il existe plusieurs voies vers l’appropriation de la sécurité par les Etats africains. L’opérationnalisation de l’APSA en est une tandis que la montée en puissance de la Force conjointe du G5 Sahel en est une autre. On pourrait qualifier la première d’appropriation institutionnelle et la deuxième d’appropriation opérationnelle. Les deux ne se traduisent pas de la même manière. Effectivement, l’appropriation que les Etats sahéliens ont décidé de privilégier se traduit par un engagement opérationnel au plus près de la menace alors que l’appropriation de la sécurité à travers l’APSA reste essentiellement théorique.
Dans le cas du G5 Sahel, l’appropriation de la sécurité s’effectue dans le cadre d’une coopération militaire opérationnelle et structurelle renforcée avec la France. Il s’agit là d’un paradoxe qui alimente souvent des lectures biaisées de l’engagement français au Sahel et méprend les nouveaux modes de coopération militaire qui émergent. Certains se demanderont comment peut-on parler d’appropriation avec un niveau d’engagement aussi important de l’ancienne puissance coloniale dans la région. D’autres argumenteront que l’appui de la France doit être perçu comme un accélérateur d’acquisition de compétences essentielles pour sécuriser les espaces transfrontaliers sahéliens et dont les armées sahéliennes manquent cruellement aujourd’hui.
L’appropriation est un processus de long-terme dans la mesure où il implique également un financement autonome des opérations de sécurisation. Les pays membres du G5 Sahel ont appelé à un important soutien à la Communauté internationale pour financer leur force conjointe. Néanmoins, il est important de noter qu’ils assument une part du budget plus importante que dans le cadre d’opérations de maintien de la paix (OMP) car les primes et salaires des soldats engagés au sein des bataillons de la FC-G5S sont à leur charge.
Ce modèle d’appropriation est fortement dépendant de la poursuite de la coopération militaire française à travers l’opération Barkhane et ne pourra incarner une porte de sortie crédible pour les forces françaises au Sahel qu’au bout de plusieurs années.
Vers une mutation de la Force Barkhane ?
Le déploiement progressif de la FC-G5S et l’annonce française de la création de « centres de préparation à l’engagement opérationnel » au Mali, Niger et Burkina Faso, laissent entendre une évolution prochaine de la force Barkhane avec un renforcement de sa vocation partenariale au profit des armées des pays sahéliens.
Plus précisément, le président de la République française a annoncé un « soutien accru de l’opération Barkhane en conseil, assistance mais surtout accompagnement aux combats ». Cette mutation devrait s’exprimer par un recours accru aux détachements de liaison et d’appui opérationnel (DLAO) composés de plusieurs dizaines de militaires déployés directement auprès des unités des pays partenaires. A titre d’exemple, un DLAO a été envoyé en mars 2017 dans la zone de Tillabéri au Niger, à une centaine de kilomètres de Niamey, où plusieurs attaques avaient eu lieu contre les Forces Armées du Niger. Au Burkina Faso, le centre de préparation à l’engagement opérationnel sera basé à Dori et assurera la formation et l’encadrement du bataillon G5 Sahel.
L’objectif de ces centres de préparation semble être de pérenniser et renforcer des actions de coopération opérationnelle jusque-là menée ponctuellement par Barkhane et par des Détachements d’Instruction Opérationnelle (DIO et Détachements d’Instruction Techniques (DIT) projetés, pour l’essentiel, depuis Dakar où sont installés les Eléments Français au Sénégal (EFS).
Pour soutenir cette évolution, l’Armée de Terre a annoncé la création en septembre d’un Commandement spécialisé pour l’Assistance militaire opérationnelle de l’armée de Terre (COM AMOT) qui vise à renforcer ses capacités de partenariat opérationnel.
Le déploiement de la FC-G5S constitue un évènement important et modifie en profondeur l’environnement stratégique auquel Barkhane essaye de s’adapter en permanence. Ainsi, l’opération française devrait connaitre des évolutions majeures dans les prochains mois. Le Chef d’Etat-major des Armées, le général Lecointre, a annoncé, dans une interview, sa démarche concernant Barkhane et le soutien à la FC-G5S : « Sur Barkhane, je vais intensifier le soutien à nos partenaires du G5 Sahel pour qu’ils deviennent plus autonomes (…) en essayant de réduire autant que possible mon empreinte au sol ». Pour autant, ces ajustements opérationnels ne devraient pas intervenir avant l’élection présidentielle au Mali qui se déroulera à l’été 2018.
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