Cet article brosse le tableau d’une Asie Centrale à nouveau en proie à une menace terroriste croissante, illustrée par un récent attentat visant des occidentaux. Un nouveau « terrain de chasse » de Daech semble s’ouvrir et les auteurs nous livrent les mesures qui selon eux pourraient contenir un risque d’explosion.
Les opinions exprimées dans cet article n’engagent pas le CSFRS.
Les références originales de ce texte sont : Programme Asie, « Le massacre de Danghara : Vers le réveil des cellules terroristes en Asie centrale », René Cagnat et David Gaüzere, Asia Focus #83, Septembre 2018, IRIS
Ce texte, ainsi que d’autres publications peuvent être visionnés sur le site de l’IRIS
L’assassinat en rase campagne, le 29 juillet 2018, au Tadjikistan de quatre cyclotouristes occidentaux à seulement 71 km de Douchanbé, par un groupe local affilié à l’État islamique (EI ou Daech) et probablement soutenu par certains villageois d’une localité proche [1], s’inscrit dans la ligne prônée par l’EI en février dernier, lorsqu’il émit une fatwa appelant Centrasiatiques et Caucasiens à s’attaquer aux visiteurs étrangers. [2]
L’attentat odieux de Danghara, perpétré dans le plus pur style « daechien » par de très jeunes gens dirigés et mis en condition par un « chef » de 33 ans, témoigne de l’existence d’un vivier terroriste en pays tadjik. L’événement, appelé à se reproduire et à s’étendre par le réveil des cellules terroristes dormantes [3], représente une évolution dangereuse non seulement pour le Tadjikistan qui risque de connaître une déstabilisation, mais aussi pour l’ensemble de l’Asie centrale devenue, depuis 2015, sous le nom de « Wilayat Khorasan », un nouveau terrain de chasse de Daech.[4]
Nous aborderons cet élargissement au Turkestan [5], depuis longtemps annoncé [6], du conflit afghan en décrivant tout d’abord le but visé par les terroristes et ses conséquences directes pour le Tadjikistan – y compris pour son président Emomali Rakhmon -, avant de décrire sommairement le vivier révolutionnaire en pays tadjik et l’extension possible des troubles en Asie centrale. En conclusion, nous suggérerons les mesures qui devraient être prises pour prévenir l’explosion qui s’annonce.
LE BUT DE DAECH : BRISER LE MAILLON FAIBLE TADJIK
À l’encontre de ce maillon faible de l’Asie centrale qu’est le Tadjikistan, il s’est agi pour l’EI de porter en pays tadjik un coup très fort et inattendu. La stratégie utilisée a une similitude avec celle de Gengis-Khan ou de la dissuasion nucléaire : elle se rapporte à la force d’épouvante (sila oustracheniia en russe). L’objectif est de terroriser la population centrasiatique. Il convient d’amener par l’horreur et la peur sa majorité hésitante à se conformer, d’une part, aux fatwas islamistes et, d’autre part, aux obligations de la gazavat, la guerre sainte. Le contrôle même très limité du Turkestan permettrait à l’EI d’occuper une position hautement stratégique entre Chinois, Russes et même Américains puisque ces derniers sont présents en Afghanistan. Il permettrait surtout de contourner l’ennemi religieux chiite, l’Iran, et de le menacer sur ses arrières turkmènes.
Enfin, il s’est agi pour Daech, de mettre fin, par le retentissement d’une action atroce, à un certain rétablissement économique du Tadjikistan. En effet, avec notamment l’aide financière et technique de la Chine, les envois d’argent (rémittences) dans leur pays de presque deux millions de Tadjiks émigrés en Russie (un quart du PIB tadjik), mais, sans doute aussi, grâce au « coup de pouce » de l’économie parallèle et du trafic de drogues ; Douchanbe commençait, ces derniers temps, à se tirer d’affaire. À cet égard, l’afflux croissant, depuis cinq ans, des touristes au Tadjikistan, qui avait incité Rakhmon à faire de 2018 « l’année du tourisme », était comme « une cerise sur le gâteau » : Douchanbé semblait en mesure d’échapper à l’emprise islamiste. Cette éventualité était intolérable pour les djihadistes mal en point en Afghanistan et donc désireux de se propulser en pays tadjik au-delà du Piandj. On doit reconnaître que l’attentat de Danghara, même s’il n’est pas sur le terrain une réussite totale, est intervenu au bon endroit et au bon moment : il risque par ses conséquences de rejeter le Tadjikistan dix ans en arrière vers un système ultra-policier en le fragilisant et en le déconsidérant…
LE DISCRÉDIT ET L’IMPUISSANCE D’EMOMALI RAKHMON AU TADJIKISTAN
Soulignons d’emblée qu’Emomali Rakhmon est visé au premier chef par un attentat qui s’est produit tout près de sa ville natale, Danghara. Sa sévérité à l’encontre des musulmans (interdiction de la barbe, limitations apportées à l’habit musulman, contrôle des dignitaires et mollahs…) explique qu’il devienne une cible privilégiée.
Né en 1952, Rakhmon n’est pas un président âgé. Cependant, plus de 25 ans de pouvoir autoritaire à la tête de l’État ont entraîné une usure physique visible du personnage ainsi qu’une certaine lassitude dans la population.
Rakhmon est, certes, le vainqueur de la guerre civile de 1992-1997, qui avait durement opposé plusieurs clans du pays, les uns sous une étiquette communiste, dure (Kouliabi) ou modérée (Khodjenti), les autres sous une étiquette islamiste (Gharmi, Tavildari) ou démocrate (Gorno-Badakhchani). Le clan de Kouliab, celui de Rakhmon, avait alors gagné la partie, mais les accords de Moscou, signés en 1997, ménageaient néanmoins une place importante à l’opposition islamo-démocrate, symbolisée par la présence au Parlement du Parti de la Renaissance islamique (PRI). [7] Cette marge de manœuvre laissée aux opposants jusque dans la Constitution était et demeure encore unique dans le Touran [8]
Rakhmon n’a pas su utiliser les fruits de sa victoire, qui l’avait rendu populaire, pour rassembler la nation tadjike et la rendre cohérente. L’omniprésence actuelle du clan de Kouliab dans les structures gouvernementales en dit long sur la faible légitimité nationale du président, aussi bien que sur la difficulté du contrôle exercé par les autorités sur le territoire et la population. Le pouvoir s’est fait de plus en plus oppressant. Les droits accordés à l’opposition en 1997 se sont par la suite évanouis, jusqu’à devenir aujourd’hui un lointain souvenir. Les chefs de cette opposition sont actuellement soit en prison, soit en exil.[9] Face à eux la réaction du pouvoir semble celle d’un autre temps. [10] Le PRI n’en représente pas moins, encore, une force politique dans le pays. Ce fait explique l’entêtement des autorités à vouloir, pour l’affaiblir, lui attribuer, contre toute évidence, la responsabilité de l’attentat de Danghara. Le président continue de focaliser la résistance sur le seul PRI, comme à l’époque de la guerre civile, n’ayant pas saisi le caractère national désormais légaliste et « notabilisé » de ce mouvement islamiste d’opposition. Du reste, Rakhmon, dont on peut se demander si le pouvoir survivra au présent coup de boutoir djihadiste, a largement sous-estimé l’importance dans son pays du réveil des cellules dormantes de la jeunesse tadjike religieuse et, surtout, du combat islamiste internationaliste peu à peu mis en place par Daech aux portes du pays, en Afghanistan, et même au-delà dans tout le Turkestan.
LE VIVIER RÉVOLUTIONNAIRE EN PAYS TADJIK ET DANS LA « WILAYAT KHOROSAN »
Le Tadjikistan est une zone de montagnes dont les bassins et vallées enclavées présentent une forte identité culturelle et politique. Ces vallées regroupaient hier les acteurs de la guerre civile de 1992-1997 selon les intérêts locaux en jeu ; ce sont elles qui définissent aujourd’hui l’adhésion ou l’opposition larvée à la politique gouvernementale en fonction de l’appui ou de l’indifférence de Douchanbé.
Le bassin de Kouliab, au sud-ouest du pays, a, en tant que fief présidentiel, profité de nombre d’avantages politiques et économiques. Les autres vallées sont plutôt restées à l’écart du développement économique et social. Notamment dans le Gorno-Badakhchan (Pamir tadjik), l’isolement hivernal, de plus de sept mois, des vallées, a renforcé leur
gestion autarcique en mode survie.
La jeunesse du Tadjikistan, dont une grande partie est née après la guerre civile, se retrouve donc prisonnière des jeux de clans, du népotisme, de la concussion, et ne trouve pas d’avenir dans le pays. Ces jeunes sont en grande partie profondément religieux, espérant trouver dans l’islam un recours à leurs problèmes. Dans la vallée traditionaliste de Gharm et son prolongement de Tavildara, les réseaux de survie étaient les mêmes que les réseaux islamistes pendant la guerre civile. Le Tadjikistan, et notamment ces vallées de Gharm et de Tavildara, ont alors servi, avec l’aide des cellules islamistes locales, de bases de regroupement et de départ pour les combattants locaux ou en provenance de la vallée du Ferghana (tels les partisans du Mouvement islamique
d’Ouzbékistan (MIO). Chassés du Tadjikistan, ils se sont regroupés dans les zones tribales pakistanaises, puis en Afghanistan. Ensuite, une grande partie de cette jeunesse tadjike religieuse s’est rapprochée des medersas moyen-orientales, d’abord par le biais de l’émigration en Russie, puis par le truchement d’associations islamiques présentes sur place. Cette jeunesse a alors fourni un contingent important de guérilleros islamistes dans les rangs de Daech en Syrie-Irak, tandis que, à partir du Turkestan (Ouzbékistan et Ferghana surtout), elle alimentait le recrutement de nombreux kamikazes appelés à intervenir en Occident.
En adhérant de plus en plus au monde musulman, l’Asie centrale représente une partie territoriale importante du califat idéalisé par Daech. Elle est la « Wilayat Khorasan », dotée d’une organisation militaire propre, l’EI-Khorasan (EI-K), et de groupes militaires islamistes affiliés, mais autonomes (MIO, Ansaroullah, Al-Tawhid-wal-Djihad, Imam alBoukhari, Djammat Sabri, Djannat Ochiklari, Union pour le Djihad islamique, etc.). Cette dénomination désigne aussi bien le lieu de regroupement des djihadistes centrasiatiques sur un territoire de djihad étranger que la zone d’action de l’EI en Asie centrale.
La chute de Daech en Syrie-Irak a curieusement transféré certains cadres de l’ancienne organisation islamiste dans les zones non pachtounophones du nord de l’Afghanistan [11] et ainsi permis à l’organisation djihadiste de reprendre une assise territoriale aux portes du Turkestan, fragilisant de fait les États centrasiatiques limitrophes (Turkménistan et Tadjikistan) par suite de frontières poreuses et de liens désormais renforcés entre l’EI et les cellules dormantes en Asie centrale.
Le Tadjikistan est devenu le centre même de ces interactions. Déjà en juillet 2010, les services de sécurité russes alertaient sur la force des cellules dormantes dans la vallée du Fergana, précisant qu’elles portaient les mêmes noms que des unités militaires du MIO. [12]
Le MIO conserve par ailleurs une certaine autonomie au sein de Daech qui lui fait soustraiter la gestion qui lui a été attribuée d’une partie de la région ouzbèke du nord de l’Afghanistan en échange de l’allégeance apportée.
Enfin, plus inquiétante est la porosité entre les organisations islamistes et l’État-Major tadjik. Ainsi, des hauts gradés, dotés d’une formation militaire d’exception, acquise parfois aux États-Unis, se sont ensuite retournés contre Douchanbe pour rejoindre le MIO (Ziioiev) ou directement Daech (Khalimov), sans parler de parties du puissant système d’écoute et de renseignement (SORM) [13] hérité de l’ex-URSS passées aux mains de militaires locaux « à la religiosité prononcée » et au positionnement ambigu. Daech sait qu’il peut disposer de relais militaires de qualité au Tadjikistan, notamment auprès des partisans des anciens bastions islamistes ou de ceux qui reprocheraient à la 201e division de fusiliers motorisés russe de n’assurer que la protection et les affaires du clan de Kouliab. On ne saurait trop insister sur la popularité, dans la jeunesse, du général tadjik Khalimov qui, après une formation spéciale en Russie et aux États-Unis, a rejoint Daech dont il devint ministre de la guerre. [14]
L’EXTENSION AU TURKESTAN DE L’ACTION DJIHADISTE
Le vivier révolutionnaire en pays tadjik précédemment décrit est apparu et se renforce pour les mêmes raisons (tradition religieuse obscurantiste, chômage massif des jeunes, répressions parfois maladroites…) dans le cœur de l’Asie centrale, la célèbre vallée du Ferghana à la fois ouzbèke, tadjike et kyrgyze. Mais il s’est infiltré aussi dans le Sud et le Sud-Ouest kazakh, voire dans les oasis turkmènes. Dans toutes ces régions, le temps est venu pour l’EI de la réactivation des cellules dormantes héritées à la fois de la guerre civile tadjike, de la répression karimovienne en Ouzbékistan, des révolutions kyrgyzes et de la dictature turkmène.
Présent sous diverses formes militaires depuis 2014 dans le nord de l’Afghanistan, Daech y compterait entre 5 000 et 15 000 combattants, tôt ou tard prêts à agir dans le Turkestan.
Depuis 2014, l’organisation djihadiste prévoit son implantation en Asie centrale selon deux stratégies complémentaires menées dans trois endroits :
1. L’action incursive : Elle consiste en l’envoi de petits groupes mobiles de guérilleros (soit EI-K, soit MIO) depuis le nord de l’Afghanistan au travers des frontières tadjikes et turkmènes.
a- Au Tadjikistan, les guérilleros ne mènent pas encore d’actions militaires directes contre les forces de Douchanbé ou l’armée russe. [15] Mais, leurs infiltrations contribuent à alimenter les cellules locales dormantes, des cellules qui peuvent ensuite servir de pivot entre l’EI et les cellules du Ferghana.
b- Au Turkménistan, l’environnement désertique et l’impossibilité de protection efficace à la frontière encouragent les guérilleros aux escarmouches face aux garde-frontières et à l’armée turkmènes, générant alors le déploiement en face d’eux d’une « pantière contre la terreur », le long de l’Amou-Daria et dans le désert. [16]
2. L’action souterraine prévaut en revanche dans la vallée du Ferghana, et dans une moindre mesure, dans les anciens fiefs islamistes du Tadjikistan central (Gharm, Tavildara). Elle consiste à clandestinement alimenter (argent, matériel, relais humains) et à rendre réactif à tout moment le chapelet des cellules dormantes locales. Daech vise aussi, par ce biais, à préparer les opinions locales de ces régions, travaillées par l’islamisme, à l’acceptation du futur califat.
En parallèle, Omar al-Baghdadi, le (défunt ?) chef de l’EI, a organisé la structure militaire de son mouvement sur une base à la fois géographique, mais aussi idéologique, correspondant au « degré de mûrissement » des populations locales en faveur de Daech. Plus « mûr », le Tadjikistan, tout en appartenant à la « Wilayat Khorasan », serait défendu non pas par l’EI-K, mais par l’EI-C, la branche centrale de Daech, qui serait encore activée depuis la Syrie. [17]
Sur la rive sud du Piandj-Amou-Daria, en Afghanistan, c’est en tout cas une véritable logistique de coordination qui s’est progressivement mise en place depuis 2014. L’EI-K a franchisé le MIO qui, depuis sa base dans la Province du Djaozdjan, dispose d’une liberté totale pour organiser de manière autonome ses recrutements en Asie centrale, diffuser sa propagande et préparer ses futures actions incursives ou souterraines en territoire ennemi. [18]
Par ailleurs, la région du Gorno-Badakhchan, à l’identité si particulière, pourrait, face aux plans d’action de Daech et aux différentes réactions régionales, se retrouver au cœur de nouvelles rivalités géostratégiques où « le Très Grand Jeu » [19] entre superpuissances et États locaux prendrait tout son sens et son envergure.
LA PLACE HAUTEMENT STRATÉGIQUE DU GORNO-BADAKHCHAN
Cette région autonome, de culture religieuse ismaélienne, [20] reste enclavée à l’est du Tadjikistan le long des frontières afghane et chinoise. Sa place est toutefois hautement stratégique. Douchanbé pourtant ne l’a jamais vraiment contrôlée. Ce gigantesque quadrilatère de montagnes, dont la surface, pourtant, ne dépasse pas celle de notre Massif central, était isolé du reste du pays durant la guerre civile et n’a dû sa survie qu’au « cordon d’approvisionnement » mis en place par l’Agha-Khan à partir du Kyrgyzstan en particulier pour la survie de ses fidèles. La reprise en main par Douchanbé en 1997 y a été très mal vécue. D’un côté se trouvaient les forces tadjikes régulières largement acquises au clan de Kouliab et appuyées par l’armée russe ; de l’autre, une population locale très méfiante, aidée par l’Agha-Khan et ses relais occidentaux, notamment britanniques. [21]
Finalement, au tournant de 2015, la Chine, en tant que 3e acteur et surtout voisin immédiat, s’est imposée sur la scène locale, d’abord sur un plan strictement économique (réfection en cours de la route de la frontière chinoise à Mourghab et au-delà, livraisons de plus en plus régulières de marchandises par des norias de camions chinois), puis militaire (coopération poussée, patrouilles chinoises fréquentes en territoire tadjik…). Dans le cadre de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS), Pékin fait dorénavant entendre à Douchanbé et aux populations pamiries, très anxieuses de l’embrasement de la situation de l’autre côté du Piandj, que seule son action militaire pourrait endiguer la poussée islamiste en provenance du sud, reléguant alors de plus en plus Moscou à un rôle de simple observateur. [22] On remarque déjà, en l’absence de la Russie, une coopération croissante, institutionnalisée et orchestrée par l’Empire du Milieu, entre le Pakistan, l’Afghanistan et le Tadjikistan.
UNE ACTION CONTRE LA MONTÉE DE DAECH EST-ELLE POSSIBLE ?
Elle se limite, pour l’instant, à l’organisation annuelle de grandes manœuvres par l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC). Cette organisation de sécurité regroupe la Russie, [23] le Kazakhstan, le Kyrgyzstan, le Tadjikistan, l’Arménie et la Biélorussie. Cette force militaire est relativement puissante, mais vraiment inadaptée à la menace multiforme, surtout psychologique, clandestine et mafieuse, exercée par Daech.
Face à cette situation, la Russie, la Chine comme les puissances occidentales (y compris la Turquie) devraient soutenir collectivement ou séparément les divers éléments de population (au total majoritaires) qui leur sont encore favorables et s’attaquer surtout aux racines du mal (trafics, corruption, chômage, fanatisme, ignorance, insécurité…)
1. En intensifiant l’action déjà menée de renforcement des forces armées, mais surtout des polices et garde-frontières centrasiatiques (soutien technique de l’Europe et de l’ONU à des services tels le BOMCA, CADAP, aide de l’OCS comme de l’OTSC…). Les techniques policières de pointe devraient être mises à la disposition des polices et des douanes centrasiatiques dans le cadre d’une coopération poussée, permanente… et surveillée !
2. En venant en aide massivement à la jeunesse centrasiatique par la création sur place – comme le font déjà les organisations de l’Aga-Khan, de Soros et de Gülen – d’établissements d’enseignement (universités, lycées, collèges, centres d’apprentissage, bourses, aide internationale et des ONG…).
3. En favorisant, à l’instar de la Chine, de grands projets d’infrastructure (irrigation, mises en valeur énergétiques autour du bassin de la Caspienne, prospections et traitement des produits miniers, notamment des terres rares, lutte contre les pollutions…) visant à lutter à toute force contre le chômage.
4. En agissant auprès des organisations religieuses locales (surtout sunnites, mais aussi soufies) pour endiguer, voire réfréner le fanatisme.
5. En mettant au point par coopérations, échanges d’information, écoutes communes, une guerre policière et médiatique (propagande) contre les milieux terroristes et subversifs, les mafias liées à la drogue, en général proches du terrorisme.
Une action de soutien coordonnée entre les grandes puissances serait bien sûr préférable. Mais une action dispersée, bien médiatisée dans les populations locales, qui ne doivent pas se sentir isolées comme c’est le cas à présent, serait aussi utile.
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En conclusion, il est indispensable de souligner qu’étant donné la tournure actuelle des événements, des actions de soutien manifestes doivent être amorcées sans tarder pour prévenir l’explosion qui se prépare.
Le Tadjikistan connait une certaine ébullition, dont l’importance échappe quelque peu à ses dirigeants. L’issue de ce climat très délétère reste incertaine et pourrait aussi bien projeter, à partir du Tadjikistan, l’ensemble de l’Asie centrale dans une zone de turbulences que garantir, au contraire, une « paix chinoise ». Cette paix ramènerait alors, d’un côté, une certaine prospérité à la région – qui en a grand besoin – mais, d’un autre côté, précipiterait sa redevabilité et, en fin de compte, sa satellisation à Pékin.
References
Par :
Source : Institut de Relations Internationales et Stratégiques