Cet article propose une Ă©tude menĂ©e pour comprendre la maniĂšre dont les gens rĂ©agissent sur Twitter et comment les autoritĂ©s peuvent en tirer le meilleur parti pour construire une relation avec les citoyens lors dâune crise. En dĂ©crivant la mĂ©thode suivie et les rĂ©sultats observĂ©s lors de son Ă©tude, lâauteur nous offre une solide contribution Ă une meilleure connaissance de la place des rĂ©seaux sociaux en pĂ©riode de crise, enjeu stratĂ©gique pour nos sociĂ©tĂ©s.
                  Les opinions exprimĂ©es dans cet article nâengagent pas le CSFRS.
Les rĂ©fĂ©rences originales de ce texte sont  » Les 6 phases d’une crise sur Twitter », Nicolas Vanderbiest, Institut National des Hautes Etudes de la SĂ©curitĂ© et de la Justice, CAHIERS DE LA SĂCURITĂ ET DE LA JUSTICE NÂș 39, juillet 2017.
Ce texte, ainsi que d’autres publications peuvent ĂȘtre visionnĂ©s sur le site de l’INHESJ.Â
Les 6 phases dâune crise sur Twitter
Introduction
Le cycle de crise a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par de multiples chercheurs. Pour Fink [1986], la premiĂšre Ă©tape est celle du stade prodromique oĂč lâon a des signaux via une sĂ©rie de symptĂŽmes avant-coureurs que la crise peut Ă©merger. LâĂ©mergence de la crise survient ensuite Ă travers un Ă©vĂ©nement et les dommages correspondants. La troisiĂšme Ă©tape est le stade chronique durant lequel on fait face aux effets persistants de la crise. Enfin, le stade de la rĂ©solution fait que la crise nâest plus une prĂ©occupation pour les parties prenantes.
Ce cycle est repris cinq ans plus tard par Patrick Lagadec, sous lâintitulĂ© « prĂ©crise, aiguĂ«, chronique et rĂ©solution » [1991].
Mitroff a ensuite avancĂ© un cycle en cinq Ă©tapes. Cela commence par la dĂ©tection de signaux, la recherche et la prĂ©vention pour arriver au confinement des dommages, le stade de la rĂ©cupĂ©ration et cela finit par lâapprentissage [1994].
Plus récemment, Coombs réduit le nombre de stades en trois grandes étapes : la précrise, la crise et la post-crise [2014].
Ces phases de crise sont cependant Ă©laborĂ©es uniquement du point de vue de lâorganisation qui subit la crise. Elles apportaient Ă©galement un cadre gĂ©nĂ©ral Ă une Ă©poque oĂč lâĂ©tude de la crise en Ă©tait Ă ses balbutiements. LâĂ©tat de lâart scientifique concernant le cycle de vie des rĂ©actions Ă une crise reste encore trĂšs peu abordĂ©. Ă une Ă©chelle individuelle, il y a les cinq (ou sept) stades du deuil dâElisabeth KĂŒbler-Ross [2014] : choc, dĂ©ni, colĂšre, tristesse, rĂ©signation, acceptation et reconstruction. En rapport avec la crise, Fink a dĂ©gagĂ© quatre phases du processus dâadaptation Ă une crise : le choc, le retrait dĂ©fensif, la reconnaissance et lâadaptation [1967].
Dans le mĂȘme temps, lâimportance de Twitter durant les crises est grandissante [Vieweg, 2010â; Yates & Paquette, 2011 ; Kelly, 2014]. Alors que les rĂ©seaux sociaux agissent comme un vaste rĂ©seau de bouche Ă oreille oĂč transitent toutes les informations venant des autoritĂ©s, des journalistes et des citoyens, il est jugĂ© de plus en plus indispensable Ă la gestion de crise. Manuel Valls dĂ©clarait ainsi en 2013 lors des Assises nationales de la recherche stratĂ©gique que : «⊠Mettre lâhumain au cĆur des organisations, câest aussi mettre le citoyen au cĆur des dispositifs et la technologie est pour cela trĂšs utile, je prendrai lâexemple de la sĂ©curitĂ© civile. Les rĂ©seaux sociaux sont donc un enjeu stratĂ©gique pour le ministĂšre de lâIntĂ©rieur, nous devons lâapprĂ©hender afin de mieux lâintĂ©grer dans nos processus notamment en matiĂšre de renforcement du lien entre les forces de lâordre et la populationâŠÂ ». Les rĂ©seaux sociaux permettent en effet de construire des relations avec les citoyens en situation dâurgence [Briones et al., 2011].
Cependant, jusquâĂ prĂ©sent, lâĂ©tat de lâart scientifique Ă propos des crises et Twitter se concentre soit sur le sentiment [Thelwall et al, 2011] soit sur la qualitĂ© de lâinformation [Austin et al., 2012 ; Castillo et al., 2011â; Mendoza et al., 2010] et nâanalyse pas le processus complet. Tous ces questionnements sur la place des rĂ©seaux sociaux dans la gestion de crise sâajoutent Ă de multiples dĂ©fis majeurs auxquels doivent faire face les dirigeants et responsables [Lagadec, 2015], et qui nĂ©cessitent donc de revenir Ă des questionnements de base tels que le phasage dâune crise.
MĂ©thodologie
 Pour comprendre la maniĂšre dont les gens rĂ©agissent Ă une crise sur Twitter, nous avons analysĂ© les conversations sur ce rĂ©seau en utilisant la thĂ©orie enracinĂ©e qui est un processus dâanalyse et de collecte continue des donnĂ©es pour dĂ©velopper des thĂ©ories en utilisant lâĂ©chantillon thĂ©orique.
Cela signifie que les situations dans lesquelles la collecte des données se déroule sont choisies par rapport à la potentialité de favoriser le processus de théorisation [Glaser & Strauss, 1967].
Nous avons menĂ© des observations qui peuvent ĂȘtre dĂ©finies comme « la description systĂ©mique dâĂ©vĂ©nements, comportements ou artefacts dans un cadre social choisi pour lâĂ©tude » [Marshall & Rossman, 1989], durant les quatre derniers attentats pour identifier le cycle de rĂ©action sur Twitter :
- Les attaques de Charlie Hebdo;
- Les attaques de Paris et du Bataclan ;
- Les attentats de Bruxelles ;
- Lâattentat de Nice.
Chacune de nos observations a Ă©tĂ© consignĂ©e par mĂ©mos, Ă savoir des « traces Ă©crites des idĂ©es du chercheur, rĂ©digĂ©es Ă mesure que lâanalyse avance » [Corbin et Strauss, 1990].
AprĂšs ces quatre crises, nous avons atteint lâeffet de saturation [Glaser & Strauss, 1967] puisquâil nây avait plus de nouvelles thĂ©ories Ă©mergentes des donnĂ©es. Nous avons confrontĂ© notre thĂ©orie aux acteurs qui avaient dĂ» communiquer durant ses attentats. Nous avons pu le faire durant le sĂ©minaire de la police nationale le 23 septembre 2016 et lors dâun entretien avec le directeur de la Communication francophone du Centre de crise belge qui a donnĂ© lieu Ă une prĂ©sentation commune le 13 octobre 2016.
RĂ©sultats
De notre analyse, nous avons identifiĂ© les 6 stades dâune crise sur Twitter.
La phase dâinformation
Soudain, lâinformation survient. Les premiers sites dâinformation en ligne parlent de lâĂ©vĂ©nement. Durant cette pĂ©riode, les rĂ©actions sont dites « neutres » : ce qui compte est la propagation de lâinformation pure et dure.
Exemple : « Une attaque se déroule à Paris, les médias français annoncent des morts #Paris ».
Pendant cette phase, la plupart des tweets comportent des hashtags basiques. Ils sont soit la localitĂ© oĂč la crise se dĂ©roule (#Nice, #Nice06, #Paris, #Bruxelles), ou le nom gĂ©nĂ©rique de lâĂ©vĂ©nement (#fusillade, #bombe, #attack). Ă noter quâil est rare que de fausses informations circulent durant cette phase.
Les autorités participent également à cette phase. Ainsi, en tant que porte-parole du Centre de crise, Benoßt Ramacker envoie aux principaux porte-parole des ministres, autorités et services concernés un message trÚs court (en illustration, des screenshoot de son smartphone) : explosion. Information dÚs que possible. Il y a des morts.
Par la suite, BenoĂźt Ramacker met en place une « communication rĂ©flexe ». EnvoyĂ©e au mĂȘme groupe de porte-parole, celle-ci a pour but de donner les premiers « élĂ©ments de langage » qui donnent gĂ©nĂ©ralement les contours dâune premiĂšre information en crise fondĂ©e sur trois messages clĂ©s : we know, we do, we care.
La phase Ă©motionnelle
Petit Ă petit les gens vont se rendre compte de la portĂ©e des Ă©vĂ©nements. On va alors migrer vers des commentaires bien plus Ă©motionnels. Les Ă©motions exprimĂ©es sont la peur, la colĂšre, la tristesse et parfois lâincrĂ©dulitĂ©.
Figure 1 â Screenshoot dâun tweet durant les attentats de novembre Ă Paris
Il est rare que ces dĂ©clarations soient centralisĂ©es autour dâun hashtag spĂ©cifique. La plupart du temps, il nây a dâailleurs aucun hashtag ou alors les mĂȘmes que durant la phase informationnelle. Cette phase a Ă©galement une portĂ©e informationnelle pour les autoritĂ©s. Au Centre de crise, les informations rĂ©coltĂ©es durant les attentats sont classĂ©es en trois grandes catĂ©gories :
- Information: quelles sont les informations factuelles circulantâ?
- Behavior: quels comportements sont constatés ? Comprendre les comportements et réactions des gens pour agir au mieux ;
- Sensemaking: quelle est la perception de la situationâ? Faire un monitoring des Ă©motions pour comprendre lâĂ©tat dâesprit de la population.
La phase de transition
La phase de transition sâexplique par la rapiditĂ© de la propagation de lâinformation. Nous ne sommes pas Ă©gaux par rapport Ă la rĂ©ception de celle-ci. Des facteurs comme la possession dâun smartphone ou le mĂ©tier que lâon a peuvent faire en sorte que lâon soit au courant des Ă©vĂ©nements bien plus tard. Ainsi, mĂȘme le Premier ministre et le ministre des Affaires Ă©trangĂšres belges ont tweetĂ© 40 minutes aprĂšs les premiĂšres notifications des attentats de novembre 2015[1] leurs fĂ©licitations Ă lâĂ©quipe nationale belge de football pour leur victoire. Les tweets seront supprimĂ©s par la suite.
Cette situation va faire que lâon va transiter entre phases dâinformation et phases Ă©motionnelles.
Exemple : « Je viens dâapprendre ce quâil se passe Ă Parisâ! Je suis de tout cĆur avec le peuple français en ce moment tragique ».
Le hashtag de la phase informationnelle devenant trop utilisĂ© et rempli de bruit sans rapport, on va observer une migration des conversations vers un nouveau hashtag dont le label est gĂ©nĂ©ralement la fusion entre le lieu de lâattentat et le nom gĂ©nĂ©rique de lâĂ©vĂ©nement.
La phase dâorganisation
Lâinformation est maintenant rĂ©pandue. On va alors observer une phase dâorganisation. Les gens vont se structurer et choisir leur hashtag pour communiquer. Pour les attentats de Charlie Hebdo, ce fut via #JesuisCharlie. Depuis les attentats de novembre, le #PrayFor a pris le dessus en tant que hashtags dâorganisation.
Les premiers Ă©lĂ©ments de langages communs vont Ă©galement Ă©clore tel un consensus collectif social : la libertĂ© dâexpression pour Charlie Hebdo ou le drapeau et icĂŽnes nationales (Marianne, couleurs bleu, blanc, rouge, etc.) pour les suivants.
Lâorganisation passe aussi Ă partir des attentats de novembre autour de #Recherche*Ville* pour rechercher ses proches et #PortesOuvertes pour trouver un abri proche et rapidement.
Tous les éléments discordants envers ce consensus sont pointés du doigt. Ainsi, durant les attentats de Charlie Hebdo, la troisiÚme recherche la plus faite sur Twitter fut « Charlie Hebdo bien fait[2]».
Figure 2 â Screenshoot dâun tweet de @Maitre_Eolas durant les attentats de Nice
Pour bien comprendre la diffĂ©rence entre phase dâinformation et dâorganisation, il suffit de comparer le volume des mentions des diffĂ©rentes phases. Dans le cas de la phase informationnelle, on remarque un pic consĂ©quent qui tend Ă descendre petit Ă petit, tandis que le hashtag dâorganisation apparaĂźt plus tard et grandit graduellement tout en se maintenant sur la durĂ©e.
Figure 3 â Courbe du nombre de tweets sur 24 h via Visibrain entre « Charlie Hebdo » et « JeSuisCharlie »
Du cĂŽtĂ© du Centre de crise, on va Ă©galement ressentir cette phase dâorganisation avec un grand nombre de personnes qui proposent leur aide et veulent participer Ă lâeffort collectif. Ils ont ainsi reçu de lâaide de la part de restaurants, taxis ou fournisseurs dâaccĂšs internet, voire des Ă©tudiants en mĂ©decine.
La phase dâintĂ©rĂȘt
Durant la phase dâintĂ©rĂȘt, on va voir de nouvelles informations et documents exclusifs Ă©merger. (vidĂ©os des Ă©vĂ©nements, dĂ©clarations de la police, etc.). Les gens vont Ă©galement essayer de profiter de lâĂ©vĂ©nement pour en tirer un intĂ©rĂȘt. Le grand classique Ă©tant la vente de t-shirt :
Figure 4 â Screenshoots de site vendant des t-shirts en hommage aux attentats
Il y aura Ă©galement ceux qui dĂ©sirent obtenir de lâattention sur les rĂ©seaux sociaux :
De maniĂšre assez maladroite, des marques vont tenter de communiquer sur lâĂ©vĂ©nement :
Entre les nouvelles informations et la participation des utilisateurs, un sursaut dâactivitĂ© sur Twitter sera donc visible.
La phase de déstructuration
Durant la phase de dĂ©structuration, il y aura lâĂ©mergence de communautĂ©s qui vont sortir de la majoritĂ© atteinte durant la phase dâorganisation. Celles-ci vont se structurer et faire bloc. Elles rejettent la version gĂ©nĂ©rale et le mĂ©contentement exprimĂ© par la majoritĂ© nâaura pas dâeffet nĂ©gatif sur le mouvement. Au contraire, cela le structure et dĂ©finit son identitĂ©. Les gens ne seront pas « Charlie », ils trouveront PrayForParis trop religieux, etc.
Exemple : « Pray for Nice, pray for⊠Pourquoi faut-il prierâ? Pourquoi encore inclure la religion dans un acte de support qui nâa rien de religieux ? »
On va Ă©galement observer une phase oĂč les personnes qui « nâont pas Ă©tĂ© Ă la hauteur » vont ĂȘtre mises au banc. Un cas typique est celui des restaurants ou cafĂ©s qui auraient refusĂ© dâaccueillir des gens. En novembre 2015, le Banana CafĂ© qui Ă©tait alpaguĂ©Â parce que le propriĂ©taire du bar avait refusĂ© lâaccĂšs Ă des gens venus se rĂ©fugier pendant les attentats. La page Facebook du bar a Ă©tĂ© prise dâassaut tout comme les diffĂ©rents espaces numĂ©riques. MĂȘme histoire le 14 juillet, lorsque le Grand Balcon est accusĂ© dâavoir fermĂ© sa porte Ă des gens voulant se rĂ©fugier.
Figure 5 â Screenshoot de commentaires nĂ©gatifs sur Tri Advisor (Banana CafĂ©) et Google (Le Grand Balcon)
En rĂ©alitĂ©, dans les deux cas, le GIGN et la police avaient ordonnĂ© lâĂ©vacuation pour des raisons de sĂ©curitĂ©.
Les internautes vont Ă©galement se dissocier dâhommages quâils ne jugent pas dignes. Par exemple, lorsquâAmazon a affichĂ© sur son site des signes de solidaritĂ© en marge des attentats de Nice. Il se fera apostropher. De mĂȘme pour Starbucks durant les attentats de novembre 2015 pour les mĂȘmes raisons. LibĂ©ration titrera mĂȘme : « Attentat : que Starbucks paie lâaddition[2] ».
Figure 6 â Screenshoot dâun tweet de Marie Kirschen Ă propos dâAmazon et screenshoot du tweet de Starbucks France qui fera fortement rĂ©agir.
On notera Ă©galement la dĂ©structuration opĂ©rĂ©e par les communautĂ©s dâextrĂȘme droite et le hashtag #IslamHorsDeurope prĂ©sent durant les deux derniers attentats.
Conclusions
Il y a 6 phases lors dâun attentat sur Twitter :
- La phase dâinformation: durant cette phase, les gens apprennent lâĂ©vĂ©nement. Les rĂ©actions sur les rĂ©seaux sociaux sont « neutres ». Exemple : « Une attaque se dĂ©roule Ă Paris, les mĂ©dias français annoncent des morts #Paris » ;
- La phase émotionnelle : durant celle-ci, les gens expriment leur émotion comme la peur, la tristesse ou la colÚre. Exemple: « Carnage⊠choquée, dégoûtée, triste.. » ;
- La phase de transition : nous ne sommes pas Ă©gaux par rapport Ă lâinformation. Certains apprennent lâinformation bien plus tard que dâautres. Durant cette phase, les gens entrent soit en phase informationnelle soit Ă©motionnelle. Exemple: « Je viens juste dâapprendre ce quâil se passe Ă Paris⊠Je me tiens aux cĂŽtĂ©s du peuple français durant cet Ă©vĂ©nement tragique » ;
- La phase dâorganisation : Ă cette phase, les gens vont se structurer en choisissant un hashtag principal et des Ă©lĂ©ments de langage commun. Quiconque ne suit pas le mouvement sera pointĂ© du doigt. Exemple : « #PrayForParis, #JeSuisCharlie» ;
- La phase dâintĂ©rĂȘt : de nouvelles informations vont Ă©clore tandis que des gens tentent de prendre avantage de lâĂ©vĂ©nement. Exemple : des personnes vendant des T-shirts, des marques essayant de surfer sur lâĂ©vĂ©nement, etc.
- La phase de dĂ©sorganisation : des communautĂ©s vont tenter de briser lâorganisation atteinte durant la 4e Exemple : «je ne suis pas Charlie », « PrayForParis est trop religieux », etc.
Lâensemble peut ĂȘtre schĂ©matisĂ© sur la courbe des tweets Ă Nice oĂč la phase de dĂ©structuration (IslamHorsDeurope) commence Ă peine :
Comprendre ces phases peut permettre aux autoritĂ©s de sâinsĂ©rer au mieux dans le flux contextuel : participer Ă lâinformation en phase informationnelle, prendre le pouls de la population en phase informationnelle, rĂ©cupĂ©rer lâĂ©lan de la phase organisationnelle, communiquer de maniĂšre spĂ©cifique pour certaines parties prenantes en phase dâintĂ©rĂȘt et tendre Ă limiter les effets de la phase de dĂ©structuration.
On se situe actuellement dans une phase de « savoir-faire mouvant » [Lagadec, 2015] qui doit interroger la place des rĂ©seaux sociaux dans la gestion de crise non pas comme un problĂšme technique, mais comme une composante dâun cadre bien plus global qui comprend Ă la fois le facteur surprise, le contexte culturel, et les « structures cachĂ©es ». Dans un climat de destruction des rĂ©fĂ©rences, la thĂ©orie des six phases dâune crise sur Twitter ne doit ĂȘtre quâun balbutiement. Elle nâest Ă©tudiĂ©e et prĂ©sentĂ©e que pour tenter de poser les bases dâune Ă©tude bien plus large sur la place des rĂ©seaux sociaux en situation de crise qui questionnerait lâinformation, le cadre sociotechnique, les acteurs et la prise de dĂ©cision.
Limites de lâĂ©tude
Il y a principalement deux limites.
LâĂ©tude est culturellement influencĂ©e. Elle ne prend en compte que des cas francophones ayant eu lieu en Belgique et en France. Une dĂ©marche exploratoire sur lâattentat de San Bernardino aux Ătats-Unis montrait que ce schĂ©ma ne correspondait pas rĂ©ellement, car dĂšs les premiers moments de la fusillade, on parlait davantage du contrĂŽle des armes que de lâattentat.
Il sâagit dâun phĂ©nomĂšne relativement nouveau. Tous ces cas ont eu lieu durant les deux derniĂšres annĂ©es. La spontanĂ©itĂ© de lâapparition du slogan « Je suis Charlie » est dĂ©sormais bien lointaine. Ce sont toujours les mĂȘmes hashtags organisationnels qui Ă©mergent, et ce, de plus en plus rapidement. (PrayFor, Recherche, PortesOuvertes). On observe dâailleurs une accĂ©lĂ©ration du passage entre les diffĂ©rentes phases. Pour Charlie Hebdo, il avait fallu attendre deux jours pour arriver en phase de dĂ©structuration alors quâil nâa fallu que quelques heures pour les attentats de Nice.
Bibliographie
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References
Par : Nicolas VANDERBIEST
Source : INHESJ
Mots-clefs : attentat, Charlie Hebdo, Crise, hashtag, hommage, PrayFor, Twitter